PERSUASION. Musique Industrielle et Contrôle Mental (1975-1995)

Design Projet Room, cur. Nicolas Ballet, Paris 1 Panthéon-Sorbonne / INHA © HEAD–Genève

L’Angleterre des années 1970 assiste à la naissance de groupes de musique industrielle qui participent à l’émergence d’un phénomène artistique global tissant une multitude d’expressions avec de nombreux domaines. Certaines figures emblématiques de cette scène prennent conscience de l’importance du rôle des médias et de la nouvelle forme de pouvoir qui les accompagne dans la capacité à manipuler les masses. L’exposition « Persuasion. Musique industrielle et contrôle mental (1975-1995) » met en exergue les recherches des artistes industriels dont les travaux révèlent un intérêt croissant pour la thématique de la manipulation mentale.

La conception d’affiches, de fanzines, de pochettes de disque et de vidéos autour du contrôle mental sont autant d’éléments qui témoignent d’une culture visuelle foisonnante. Celle-ci est ici présentée en trois séquences identifiées selon les titres de certaines œuvres exposées. Le conditionnement sonore et visuel (How to Operate Your Brain), les expériences chirurgicales en milieu psychiatrique (Suture Obsession) ainsi que la guerre acoustique des musiques industrielles (Nothing Short of a Total War) établissent un lien avec le domaine scientifique des années 1960 et 1970, souvent issu du monde militaire. Les renvois, détournements et citations perpétuels qui nourrissent la culture industrielle à partir des recherches militaires se manifestent par l’élaboration d’une presse parallèle singulière. Le bulletin Industrial News de Throbbing Gristle ainsi que les publications RE/Search sont à cet effet exemplaires des stratégies de détournement propre à l’esthétique des musiques industrielles présentée dans cette exposition dont les œuvres de Club Moral, Nocturnal Emissions, SPK, Zorïn et bien d’autres sont exposées.

Commissaire: Nicolas Ballet, docteur en histoire de l’art (université Paris 1 Panthéon ­Sorbonne), attaché de conservation, Centre Pompidou.

Chercheurs : Jelena Martinovic et Nicolas Brulhart.


Design Projet Room, cur. Nicolas Ballet, Paris 1 Panthéon-Sorbonne / INHA © HEAD–Genève

Le projet MIND CONTROL privilégie l’innovation « transdisciplinaire » en portant son attention sur les liens entre le design (controdesign et antidesign), l’architecture radicale et l’art expérimental en Europe et aux Etats-Unis, et les recherches en psychologie, neuroscience et cybernétiques sur le conditionnement mental telles qu’elles se sont stratégiquement développées au sortir de la Seconde Guerre mondiale.

mindcontrol-research.net

Design Projet Room, cur. Nicolas Ballet, Paris 1 Panthéon-Sorbonne / INHA © HEAD–Genève
Design Projet Room, cur. Nicolas Ballet, Paris 1 Panthéon-Sorbonne / INHA © HEAD–Genève

affiche de l’exposition

Persuasion. Industrial Music and Mind Control (1975-1995)

Exhibition, April 2015, HEAD – Geneva

The England in the 1970s witnessed the emergence of industrial music bands involved in a counterculture that operated as a platform of exchange between the arts. The industrial movement committed an elaborated thinking between graphics, music, performance and video art in an experimental framework and under the increasing influence of technology. Some emblematic artists of this movement were aware of the important role of the media and the new form of power that went along with the ability to manipulate mobs.

The exhibition “Persuasion: Industrial music and mind control (1975-1995)” highlights the visual productions of industrial artists that reveal a growing interest in mind control. A regular practice of mail art and collage allowed industrial artists to design album covers, fanzines and posters as a means of spreading their music to a wider audience. These artistic media reflect today a prolific visual culture with an interest for mind control. This phenomenon is presented here in three sequences identified by the titles of some songs or videos. The sound and image in mental conditioning (How to Operate Your Brain), the surgical experience in psychiatry (Suture Obsession) and the sonic warfare of industrial music (Nothing Short of a Total War) establish a link with science from the military in the 1960s and 1970s. Referrals, perpetual détournements and quotes that feed industrial culture from military researches are manifested by the development of a unique underground press. The Industrial News magazine by Throbbing Gristle and the RE/Search publications give examples of these strategies that reveal the aesthetic of industrial music.

Design Projet Room, cur. Nicolas Ballet, Paris 1 Panthéon-Sorbonne / INHA © HEAD–Genève
Design Projet Room, cur. Nicolas Ballet, Paris 1 Panthéon-Sorbonne / INHA © HEAD–Genève
Design Projet Room, cur. Nicolas Ballet, Paris 1 Panthéon-Sorbonne / INHA © HEAD–Genève
Design Projet Room, cur. Nicolas Ballet, Paris 1 Panthéon-Sorbonne / INHA © HEAD–Genève
Design Projet Room, cur. Nicolas Ballet, Paris 1 Panthéon-Sorbonne / INHA © HEAD–Genève
Design Projet Room, cur. Nicolas Ballet, Paris 1 Panthéon-Sorbonne / INHA © HEAD–Genève
Design Projet Room, cur. Nicolas Ballet, Paris 1 Panthéon-Sorbonne / INHA © HEAD–Genève
Design Projet Room, cur. Nicolas Ballet, Paris 1 Panthéon-Sorbonne / INHA © HEAD–Genève
Exhibition, April 2015, HEAD – Geneva

The works of

Autopsia, Cabaret Voltaire, Clock DVA, Club Moral, Esplendor Geométrico, La NomenKlaTur, Le Syndicat, M.B., Maeror Tri, Minamata, Nocturnal Emissions, Nurse With Wound, Pacific 231, Psychic TV, RE/Search, SPK, The Anti-Group, Sordide Sentimental, The Haters, The Hafler Trio, Throbbing Gristle, Urbain Autopsy, Zorïn are exposed in this exhibition.

Design Projet Room, cur. Nicolas Ballet, Paris 1 Panthéon-Sorbonne / INHA © HEAD–Genève
Design Projet Room, cur. Nicolas Ballet, Paris 1 Panthéon-Sorbonne / INHA © HEAD–Genève
Design Projet Room, cur. Nicolas Ballet, Paris 1 Panthéon-Sorbonne / INHA © HEAD–Genève

2023 (parution prévue au 2e trimestre) édition française

Une vaste étude de la culture visuelle des musiques industrielles au cours de leur développement en Europe, aux États-Unis et au Japon, des années 1970 aux années 1990, culture globale dépassant la seule expérimentation sonore pour croiser différents médias (graphisme, film, performance, vidéo), dans un dialogue étroit avec l’héritage de la modernité et sous l’emprise croissante des technologies.

Docteur en histoire de l’art contemporain, chargé de cours en histoire de l’art contemporain à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Nicolas Ballet est spécialiste des cultures alternatives, de l’art expérimental, des nouveaux médias et des mouvements d’avant-garde.

order: Shock Factory


THE LAST SLOGAN (limited edition) – Jean Pierre Turmel & Nicolas Balle

The Last Slogan pays tribute to one of counter-culture’s single most iconic figures of the past fifty odd years, someone who has over the course of he/r career influenced countless fellow artists and theorists. Comprised of an exclusive unpublished interview with the artist conducted by Nicolas Ballet in 2016, theoretical texts on he/r work, and archival documents from the personal collection of Jean-Pierre Turmel.

The Last Slogan offers a completely new perspective on the work of Genesis Breyer P-Orridge. The book collects multiple letters sent by Genesis to Jean-Pierre Turmel (Sordide Sentimental label headmaster) from the mid-1970s till early 1990s. These unique personal archives provide an unequaled insight into Genesis Breyer P-Orridge’s life-long journey via a deeply intimate correspondence with a close friend and associate, an intellectual sparring-partner of sorts, in which the artist discusses he/r inner thoughts, strategies, doubts and plans without any of the usual control filters.

order: THE LAST SLOGAN


Nicolas Ballet – photo: Veronique Ellena 

nicolasballet.com


for different works of the author

EDITION


Valium For Ever: Entretien d’Henriette Valium avec Xavier-Gilles Néret (2018)

Henriette Valium

“Parce que je trouve que l’humanité actuellement est trop débile, et qu’on va attendre une autre civilisation.”

Henriette Valium


Cet entretien avec Henriette Valium a eu lieu à Paris le 8 septembre 2018, en tête à tête lors d’un déjeuner dans un bistrot, à l’occasion du séjour en France de l’artiste pour fêter les vingt-cinq ans du Dernier Cri. Le soir même, il participa au concert accompagnant la projection du film Mondo DC au Cirque Électrique. Il m’offrit en arrivant un collage que nous évoquons dans l’entretien. J’ai tâché dans cette retranscription de rendre avec fidélité la substantifique moelle d’une parole vivante et généreuse, indissociable en mon souvenir d’un délicieux accent québécois, d’un regard bleu pétillant et d’un sourire malicieux.

Interviewé par Xavier-Gilles Néret, 2018

Photographie de Marc Tessier, 2023

*Cette interview est un extrait du livre Henriette Valium, qui sera publié par LDC dans les prochains jours.

Xavier-Gilles Néret : Pakito Bolino m’a dit qu’il était venu te voir au Québec en 1990. Et il m’a raconté que s’il a fait Le Dernier Cri, c’est à cause de toi ! « C’est ta faute », comme il dit !… Parce qu’en allant à Montréal, il a vu un homme vivant dans un lieu qui était à la fois son domicile, son atelier de sérigraphie et son studio d’enregistrement… Et en rentrant en France, il s’est dit : il faut que je fasse la même chose ici, ainsi je serai libre.

Henriette Valium : Oui, c’est exact… Cependant on n’est jamais vraiment libre…

Henriette Valium & Pakito Bolino, In the memory of good old days – Le Salon Vendetta & le festival Vendetta ta-ta-ta / Photo by Marc Tessier, 2023

Mais pour lui, avoir un lieu où tu peux travailler et produire en autonomie, ça donne vraiment une liberté…

Oui, absolument.

Te souviens-tu de votre première rencontre, et de la manière dont ça s’est passé ?

Oui. En fait, ce n’était pas notre première rencontre, mais c’était la première fois qu’il venait à Montréal. À l’époque je travaillais à mon compte, comme sérigraphe, pour des bars et des groupes de rock, de musique, essentiellement. Ils venaient chez moi faire imprimer leurs affiches. La technologie numérique n’était alors pas encore tout à fait ce qu’elle est aujourd’hui. Donc j’avais là une fenêtre de business, je faisais une bonne paye. En fait, cet atelier m’est tombé dans les mains par hasard. Moi, au départ, je travaillais dans un club de spectacles qui s’appelait Les Foufounes Électriques, et j’étais graphiste. J’avais un ami qui étudiait la sérigraphie, Bruno Guay, et c’est lui qui a eu l’idée initiale. Dans l’enseignement de la sérigraphie, on ne se sert pas de produits à l’huile, avec des solvants, comme ceux utilisés pour faire de la sérigraphie commerciale, et il avait donc été formé avec des produits à l’eau. Mais les produits à l’eau, c’est très limité quand tu arrives sur le marché de la sérigraphie : tu ne peux pas faire plusieurs passages, le papier gondole, de sorte que la plupart des gens qui font leur business là-dedans utilisent la sérigraphie à l’huile. Je te parle surtout des grandes affiches en couleur. Et il avait eu l’idée de faire les affiches des Foufounes Électriques en sérigraphie, mais à l’eau, parce que c’est le plus souvent du noir et blanc, c’est très rare qu’on mette de la couleur. Bruno me demande 1500 dollars canadiens, peut-être l’équivalent de 1000 euros, et comme le patron n’avait pas d’argent, je les ai empruntés à un ami. Bruno installe donc son atelier dans le club. Sauf que quand il est arrivé, il a commencé à picoler, il n’assurait pas, et moi j’étais pris entre l’ami qui voulait son fric et les clients qui commençaient à m’appeler, parce qu’ils attendaient les affiches qu’ils avaient payées… Et moi, qui ne connaissais absolument rien à la sérigraphie, j’ai dit à Bruno que je prenais ça en main. Mon idée, c’était de ramer le temps de rembourser ma dette, et de foutre ça par la fenêtre. Mais une fois que je me suis mis à faire rouler la chose convenablement, tous les bars ont rappliqué, tu comprends…

Le Salon Vendetta & le festival Vendetta ta-ta-ta / Photo by Marc Tessier, 2023

“…eh bien pour les critiques de l’époque, c’était la fin du monde, c’était la fin de l’art. Relis ça aujourd’hui… Et pour un paquet de trucs c’est la même chose. Donc dans cent ans les gens vont voir mes trucs pornos et tout le monde va être à poil !…”

Et tu y as pris goût aussi…

Ben oui, mais c’est parce que tu fais du cash… Au départ, donc, je n’étais pas sérigraphe, c’était pour régler la dette initiale, mais finalement j’ai vécu là-dessus pratiquement quinze ans. À un moment donné, je me suis dit : bon, vu que personne ne veut imprimer mes bandes dessinées, je vais les imprimer avec ça. J’ai fait de l’autoédition, des gros livres qui sont aujourd’hui introuvables. C’était dans les années 1990. J’ai imprimé des BD que j’avais faites dans les années 1980. Mais il faut dire que moi je n’ai pas l’énergie de Pakito. Et vers les années 2000, suite à des problèmes matrimoniaux, il s’est trouvé que j’ai arrêté tout ça…

Et donc, la rencontre avec Pakito…

Il est arrivé à Montréal en 1990 avec de l’argent dans les poches, on a fait un disque, et aussi un livre avec le matériel sérigraphique. Et c’est là qu’il a eu l’idée de se monter un studio à lui en France. Parce qu’il a réalisé qu’en travaillant à l’eau, la sérigraphie est beaucoup plus accessible comme médium. Quand tu imprimes à l’huile, avec des solvants, il faut de la ventilation, c’est un autre monde, mais à l’eau, tu peux faire ça dans ta cuisine, c’est vraiment simple. Alors évidemment, tu as plus de limites, mais tu peux arriver à faire quelque chose. Lui, il fait ça bien !…


Caro Caron

Et tu l’avais déjà rencontré avant qu’il ne vienne au Québec…

Oui, à Angoulême, un ou deux ans avant, je ne me souviens plus trop de la date. Lui, il étudiait aux Beaux-Arts, à Angoulême, à ce moment-là. C’est là que je l’ai rencontré la première fois. On m’avait donné son adresse, pour aller dormir chez lui. On est arrivés à trois heures du matin, en pleine nuit…

Donc il t’a accueilli…

Oui, il n’a pas eu le choix ! Mais c’était bien, on a fraternisé tout de suite.

C’est quelqu’un qui a le sens de l’hospitalité…

Oui, absolument. Et moi, j’étais venu à Angoulême pour le festival québécois de la jeunesse, et j’étais supposé rester sur le stand du Québec, mais je suis resté avec Pakito. C’était l’époque où il faisait Les Amis, je pense. Je me suis tenu avec eux, tout le temps que j’étais là, et je n’ai pas été très présent sur le stand du Québec…

Et il t’a donc dit, bien plus tard, que c’était « à cause de toi » qu’il avait fait Le Dernier Cri…

Oui, exact. Mais c’est normal. Ça prend toujours du recul pour comprendre, parce que quand tu es dans le feu de l’action, ça roule, c’est par après que tu te dis : ah oui !… Mais tout ça est donc dû au hasard, parce que moi je ne pensais jamais être sérigraphe…

Les hasards de la vie…

Exactement.

Avant, tu faisais déjà de la bande dessinée…

Oui, ma première bande dessinée, j’avais dix-sept ans, et je l’ai détruite, parce que j’ai eu une phase, avec la mère de mon premier fils, où je ne pensais pas trop être un artiste. Ça a duré un an, et après le naturel est revenu au galop, et je suis devenu ce que je suis aujourd’hui.

Laure Phelin / Avril (Covid-19) 2020

Si tu devais te caractériser comme artiste, dirais-tu que tu es un auteur de bandes dessinées, ou dirais-tu autre chose ?

Pour commencer, on m’identifie beaucoup comme un bédéiste. Mais je fais aussi de la peinture, qui n’est pas vraiment de la peinture en réalité, en tout cas au sens classique de la peinture avec pinceau et toile. Ma BD, elle se rapproche souvent de Bosch plus que de Gotlib. Et puis je fais aussi de la musique, mais je ne me considère pas non plus comme un musicien. Je fais des collages musicaux. Je suis un peu dans ce qu’on appelle le Dark Ambiant. Ça donne des ambiances, souvent smooth, bizarroïdes, étranges, toujours anxiogènes. J’ai une identité qui est Henriette Valium, et j’en ai une autre comme colleur musical, c’est Laure Phelin. En fait, c’est le nom que j’aurais voulu avoir comme bédéiste, mais il était trop tard. Parce que pour mon nom, j’ai été baptisé. C’est quelqu’un qui m’a dit : appelle-toi Henriette Valium…

Caro Caron / Le Salon Vendetta & le festival Vendetta ta-ta-ta / Photo by Marc Tessier, 2023
Le Salon Vendetta & le festival Vendetta ta-ta-ta / Video record by Marc Tessier, 2023
Caro Caron / Le Salon Vendetta & le festival Vendetta ta-ta-ta / Photo by Marc Tessier, 2023

Pourquoi « Henriette Valium » ?

On faisait des fanzines, des petits recueils de bandes dessinées en photocopie, dans les années 1980, et puis à un moment donné on avait quelques filles qui étaient artistes avec nous. Dans ces années-là, beaucoup d’artistes se donnaient des noms loufoques ou bizarroïdes, et quand tu as dix-neuf ou vingt ans tu veux suivre le train, on n’échappait pas à la règle. On s’est dit : les filles vont signer avec des noms de gars, et les gars avec des noms de filles. Comme ça, juste pour s’amuser. Et moi comme je n’avais aucune idée, un ami m’a dit : eh bien, appelle-toi Henriette Valium. Ah, bon, ok. Et c’est resté comme ça. Ça devait être temporaire, mais les gens se mettent à te connaître sous ce nom-là : ah, c’est lui Valium !…

Et ça te plaît, ou tu regrettes ?…

Non, disons que j’ai fait la paix avec ça. Parce que dans les années 1990 j’ai voulu, comme certains le font, revenir à mon vrai nom, mais finalement c’était trop tard, toutes les entrées sur le web, c’est Henriette Valium.

Comment t’appellent les gens, ou tes amis ?

En général ils m’appellent Valium.

Tu parlais de fanzines. Et le mot graphzine, est-ce que tu l’as entendu au Québec ?

Un peu. Mais en général je te dirais qu’on fait moins de distinctions au Québec. Quand tu évolues dans un milieu de libraires, le graphzine, ils savent ce que c’est. Mais en général on parle plutôt de « fanzine », mot qui regroupe tout ça. Il y a le roman graphique qui est arrivé aussi. Mais pour moi, personnellement, ces distinctions sont un peu abstraites. Comme je suis un créateur, pour moi le jeu de départ est le même au fond, c’est juste que ça prend une forme différente à l’autre bout.

Et par exemple, te souviens-tu de Casual Casual, un zine canadien des années 1980 qu’éditait Peter Dako à Toronto ? Tu y as participé, il me semble…

Oui. À l’époque, tout ça se passait par la poste. Il fait partie des rares qui m’ont édité à ce moment-là. J’aurais fait n’importe quoi pour être édité par exemple par Raw, à New-York, et ils ont fini par me répondre à un moment donné… En fait, ce qui est arrivé, c’est qu’au début des années 1990, j’étais extrêmement découragé de faire de la bande dessinée. J’y avais passé énormément de travail, et évidemment avec mon style, j’étais inéditable à Montréal – je le suis toujours de toute façon… Bon, aujourd’hui, évidemment, j’ai fait la paix avec ça, mais j’ai longtemps nourri beaucoup de ressentiment. Quand tu mets un tableau au mur, même si tu l’as vendu pour des peanuts, il fait son travail. Mais la bande dessinée, il y a à la fin du processus un éditeur qui lui a un droit de vie ou de mort sur ce que tu fais, et une bande dessinée qui n’est pas publiée, tu peux toujours l’exposer comme de l’art séquentiel ou quoi que ce soit, l’important c’est d’en faire un livre. J’étais donc très découragé à l’époque, et j’écrivais à Raw, beaucoup, à Fantagraphics et à d’autres, et à un moment donné, je me suis tanné, et je me suis dit : je vais donner un dernier coup. J’ai imprimé un énorme livre, en cinquante exemplaires, vraiment celui-là c’est une pièce de collection, avec seize pages en anglais et seize pages en français, en sérigraphie, et puis je l’ai posté à plusieurs éditeurs, dont Raw. Mais pour Raw, j’ai pris un gros marker et j’ai couvert chaque page d’insultes : you fucking asshole if you don’t answer me it’s the last fucking time I send you my stuff… Et j’ai reçu une lettre : sorry, we can’t print you, but etc. Mais c’est Fantagraphics qui a sauvé ma BD, et j’ai continué à en faire parce qu’ils m’ont dit : d’accord, on va imprimer Primitive Crétin. Et j’ai dit : attendez, d’abord je vais le gonfler à soixante pages, parce que je n’en avais à l’époque qu’une trentaine et je trouvais que ce n’était pas assez. Donc finalement j’ai continué à faire de la BD. Mais de toute façon, j’aurais continué pareil. La bande dessinée, c’est pour moi comme une maladie d’obsession-compulsion, un peu comme un héroïnomane. Dans mon cas, c’est une relation d’amour-haine depuis le début. Parce que c’est beaucoup de travail, et en même temps, l’art en général considère ça de haut : la bande dessinée, ce ne serait pas sérieux. C’est peut-être un peu différent en Europe, ou ça a évolué, mais en tout cas, à l’époque, dans la sphère américaine, les bédéistes étaient considérés comme des ados attardés…

Le Salon Vendetta & le festival Vendetta ta-ta-ta / Photo by Marc Tessier, 2023

Et donc, Casual Casual, tu le connaissais…

Je ne l’ai jamais rencontré. On a correspondu, beaucoup. Et à un moment donné on s’est perdus de vue. Mais il faut dire que moi, je suis quelqu’un d’assez négligent pour faire des suivis… Par exemple, dans ces années-là, nous avons fait Iceberg, 6 numéros, et ensuite Motel, 6 numéros. Et à un moment donné, j’ai arrêté, parce que je me suis davantage concentré sur mon travail à moi. Je n’ai pas beaucoup d’énergie dans un travail collectif. D’autres artistes n’ont pas la même cadence de production. Moi j’étais vraiment épuisé par ça. Tu es toujours en train de pousser dans le dos d’un mec qui a peut-être plus de talent que toi mais qui n’a pas la passion…

Le Salon Vendetta & le festival Vendetta ta-ta-ta / Photo by Marc Tessier, 2023

Et pour toi, qu’est-ce qui est le plus important : les choses imprimées, ou les originaux, ou les deux ?

Je suis old school, ce qui est important pour moi, c’est l’original. Je fais encore mes originaux sur papier. Parce que je tiens à ce qu’il y ait une trace. L’original considéré de manière électronique c’est un concept que je n’ai pas encore assimilé complètement. Je connais des artistes qui font une production essentiellement par ordinateur. Moi, je fais une planche que tu peux encadrer et mettre sur un mur, comme un tableau.

L’original, pour toi, a plus de valeur que l’imprimé…

Oui. Évidemment, ça dépend aussi de la manière dont tu travailles… Je parle pour mon travail. J’imagine que pour d’autres, c’est différent… Si tu n’as pas d’original, et que tout est dans ton ordinateur, au final j’imagine que c’est l’imprimé qui compte le plus, je ne sais pas.

Le Salon Vendetta & le festival Vendetta ta-ta-ta / Photo by Marc Tessier, 2023

Il y en a pour qui l’original est un document de travail afin d’aboutir à l’imprimé. L’œuvre, c’est l’imprimé.

Non, pas pour moi. Par exemple, je travaille ces temps-ci sur Nitnit, donc « Tintin » renversé. J’aurais très bien pu le faire au complet par ordinateur et me contenter de réaliser des micro-collages pour scanner le tout, mais j’ai fait des originaux, uniquement pour avoir une plaquette, qui était complètement inutile en un sens, parce que quand je suis sur Photoshop je reprends aussi l’image au complet.

Dirais-tu que tu es un obsédé de l’image ? Par exemple, achètes-tu des livres, voire les collectionnes-tu ?

Oui, je suis un obsédé de l’image, mais je ne suis pas un collectionneur de livres. Je suis plus quelqu’un qui va attraper. Si une occasion se présente, je l’attrape. Mais ça dépend. Par exemple, j’ai en ce moment un autre projet de bande dessinée à partir de super-héros américains, et donc je sais qu’à un moment donné il faut que j’aille dans une librairie ou que je trouve un lot de vieux super-héros en noir et blanc. Mais, en général, j’ai fait des collages à partir de livres que j’ai trouvés dans des ruelles à Montréal, où parfois tu tombes sur des boîtes avec plein de livres, et j’en attrape un qui est magnifique. C’est rare qu’intentionnellement j’aille acheter un livre. J’ai aussi fait à un moment donné des collages complètement numériques, mais ça ne me plaît pas, et je suis revenu aux ciseaux, au papier et à la colle. Quand tu es devant ton ordinateur, c’est à la fois trop, parce que tu as des possibilités infinies, et pas assez, il manque quelque chose. Tandis que le collage conventionnel, analogique si on peut dire, t’impose des limites mais qui font que tu arrives à des résultats que tu n’as pas avec l’ordinateur… En tout cas, ce sont deux mondes, complètement.

Le Salon Vendetta & le festival Vendetta ta-ta-ta / Photo by Marc Tessier, 2023
Le Salon Vendetta & le festival Vendetta ta-ta-ta / Photo by Marc Tessier, 2023
Le Salon Vendetta & le festival Vendetta ta-ta-ta / Photo by Marc Tessier, 2023
Le Salon Vendetta & le festival Vendetta ta-ta-ta / Photo by Marc Tessier, 2023

Et le collage de la série Notre élite que tu m’as donné aujourd’hui, peux-tu m’en parler ?

Au départ, j’avais fait les Curés malades. Il y avait eu des articles sur les curés pédophiles, au Québec, j’ai pris des portraits de curés et j’ai fait des collages noir et blanc, que j’ai imprimés sur acétate, c’est-à-dire à la photocopieuse, sur des transparents, en les agrandissant, ensuite j’ai peint à la gouache, et j’ai ajouté derrière d’autres collages avec des photos de revues pornos. Il y en a vingt-cinq, mais je ne voulais pas les séparer, mon projet était de faire une sorte de jeu de cartes. Pakito l’a imprimé. Et suite à ça, j’ai fait une autre série de collages, Notre élite, avec la même méthode, mais cette fois-ci à partir de photos du dictionnaire Larousse, en me disant que ces collages-là je pourrai les vendre à l’unité. J’en ai fait quand même peut-être soixante-dix, ou quatre-vingt, et il doit m’en rester une trentaine. Je garde les meilleurs pour moi. J’en ai emporté huit à Paris, dont celui que je t’ai offert.

Donc tu aimes bien tes images, si tu les gardes.

Oui. Mon dernier tableau est une belle pièce, qui est dans une boîte, et mon idée serait de creuser un trou, d’y couler une tonne de béton, d’y placer le tableau, et de le recouvrir d’un sarcophage, pour faire une espèce de tableau-tombeau. Parce que je trouve que l’humanité actuellement est trop débile, et qu’on va attendre une autre civilisation. Je ne l’ai pas fait, il n’est pas enterré, mais il est dans une boîte, en haut de mon atelier, rangé. On peut le voir, éventuellement. Mais je ne cherche pas à faire d’exposition. C’est mon mécène qui organise ça. Mais lui, il me présente essentiellement comme un bédéiste.

Henriette Valium 2015

“Tu comprends ce que je veux dire ?

J’essaie de trouver une formule permettant d’avoir cette espèce de questionnement…”

Depuis combien de temps as-tu ce mécène ?

Une dizaine d’années. Quand il est arrivé, il me donnait de l’argent, et il prenait ce qu’il y avait sur la table. À un moment donné, il me dit : tu devrais faire des tableaux-bande dessinée. Je n’aurais pas dû accepter, mais, bon, j’ai dit oui. Alors je fais des tableaux-BD, qui ne sont pas pour moi le plus intéressant. C’est sûr que ça peut être impressionnant pour quelqu’un qui est extérieur, mais pour moi, c’est vraiment de l’alimentaire. Quand je travaille, j’ai besoin d’un challenge… Par rapport à des choses comme celle que je t’ai donnée, un tableau-bande dessinée ne te permet pas une seconde lecture, c’est du premier degré, c’est peut-être un peu funky ou underground, mais il n’y a pas le malaise que tu peux avoir avec ce genre de portrait-là, déformé avec du porno à l’arrière, ce qui t’invite à aller plus loin. J’essaie de trouver une formule permettant d’avoir cette espèce de questionnement-là dans un tableau-bande dessiné, mais je n’y suis pas encore arrivé… Tu comprends ce que je veux dire ? Par exemple, à un moment donné, j’ai fait un gros dessin de Goebbels avec sa famille. À mes yeux, c’est bien plus intéressant qu’un tableau-BD avec des tronches débiles et tout le reste, mais sans rien derrière.

Et en as-tu fait beaucoup des tableaux-BD ?

Oui, quelques-uns. C’est ce que mon mécène prend, parce qu’en plus il n’est pas tout seul, il y a sa femme avec lui. C’est un milieu très conservateur, surtout au Québec. Déjà, le fait qu’il m’aide, moi, c’est un peu bizarre. Mais bon, il le fait, parce qu’il apprécie mon travail. Mais les belles pièces, il ne les voit pas passer, je garde tout. Ça ne l’intéresse pas, parce que ce n’est pas vendable. Lui, il dit que ce sont des pièces de musée. Et je me suis pris la tête à un moment avec sa femme, parce qu’elle n’était pas d’accord qu’un artiste, par exemple, utilise de la pornographie pour la mettre dans ses œuvres : il est malade ce type, il ne respecte rien. Mais il ne faut pas oublier que tout ça évolue. Prenons Courbet, l’un de ses premiers tableaux, Un enterrement à Ornans, où il s’est mis à peindre ce qu’il voyait, et non plus des tableaux mythologiques, eh bien pour les critiques de l’époque, c’était la fin du monde, c’était la fin de l’art. Relis ça aujourd’hui… Et pour un paquet de trucs c’est la même chose. Donc dans cent ans les gens vont voir mes trucs pornos et tout le monde va être à poil !…

Y a-t-il des pièces à toi dans des musées ?

Non, pas encore. Tu sais, c’est vraiment plus une question de connexions que de talent. Même mon mécène, par exemple, il a fait un encan, récemment, à Toronto. Et alors tu vois comment ça fonctionne : lui il achète du Valium, qui a priori ne vaut rien par rapport au marché de l’art, ils organisent un encan, ils proposent une de mes pièces, ils mettent des mecs dans la salle pour monter la mise, et lui il rachète le tableau par personne interposée, de sorte que maintenant, j’ai une cote. Par conséquent, tout ce que lui a de moi a augmenté. C’est comme ça que ça fonctionne en fait. Le talent n’a aucun rapport. En général, dans le gang des artistes, tu vas prendre celui qui te fait la cour, qui va être le plus malléable. Pour en revenir à mon mécène, il a voulu modifier mon travail, en me disant : ah, tu devrais faire ci, tu devrais faire ça. Je lui ai accordé une seule concession, en faisant des tableaux-BD, mais c’est tout, j’ai refusé toutes ses autres demandes. Par exemple, faire de beaux petits tableaux avec des couleurs. Non, il y en a d’autres qui font ça mieux que moi. Dans mon cas, c’est une pulsion, une obsession-compulsion, ça n’a aucun rapport. Je n’ai jamais eu aucune visée esthétique. Dans un certain sens, le collage que je t’ai donné, ce n’est pas beau, mais en même temps le résultat est classe.

Le Salon Vendetta & le festival Vendetta ta-ta-ta / Photo by Marc Tessier, 2023

“Selon moi, nous les humains, on produit des objets de plus en plus complexes et aboutis, mais on termine l’époque antique de notre histoire. On est partis de la pierre taillée, et on a maintenant des ordinateurs, des Lamborghini, mais la structure sociale pyramidale n’a pas changé depuis les débuts.”

La politique, est-ce important dans ta vie, et, éventuellement, dans ton travail ?

Bonne question… Je te dirais, la politique locale, comme par exemple toutes les questions de souveraineté nationale du Québec, ces histoires-là, aucun intérêt. Moi j’ai été saoulé complètement par mes parents qui étaient des indépendantistes de type stalinien. Eux, ce sont des syndicalistes, et moi, j’ai vécu là-dedans, dans un univers politisé. Mes parents, ici, en France, ce seraient des communistes. Mais moi, je ne vais pas voter, je n’en ai rien à chier. En revanche, j’ai une fascination par exemple pour les personnages du Troisième Reich, du Reich nazi, des trucs comme ça. Je fais comme un constat permanent d’un truc qui se répète à l’infini. Selon moi, nous les humains, on produit des objets de plus en plus complexes et aboutis, mais on termine l’époque antique de notre histoire. On est partis de la pierre taillée, et on a maintenant des ordinateurs, des Lamborghini, mais la structure sociale pyramidale n’a pas changé depuis les débuts. Et la vraie révolution va être écologique. Selon moi, on devrait connaître un black-out, vraiment quelque chose d’assez dense. Ça va se passer un peu comme quand Rome est tombée, en Europe. Il a fallu attendre Napoléon III pour avoir le même niveau d’hygiène publique dans Paris que la Rome antique, avec la pose des égouts. C’est quand même quelque chose, 1400 ans. Aujourd’hui il y a Facebook, il y a plein de trucs, mais il fait chaud, c’est un phénomène mondial. J’ai des amis un peu partout, et cet été, tout le monde a crevé de chaleur. Je ne vois pas ça de manière très optimiste.

Laure Phelin, ‘Testament Leste 666’ Lande Promise
Le Salon Vendetta & le festival Vendetta ta-ta-ta / Photo by Marc Tessier, 2023

“Et la vraie révolution va être écologique. Selon moi, on devrait connaître un black-out, vraiment quelque chose d’assez dense. Ça va se passer un peu comme quand Rome est tombée, en Europe.”

Donc tu penses qu’il va y avoir une catastrophe…

Une dégénérescence, progressive. Des maladies, des trucs, je ne sais pas. Parce que les gens ne veulent pas que ça s’arrête. C’est comme une machine qui ne fait qu’avancer. Tu sais, il faudrait sept miracles. Il faudrait que (1) tout le monde, (2) partout, (3) au même moment, (4) réalise, (5) comprenne, (6) accepte et (7) agisse. Mais le type qui a son loyer à payer, il a besoin de fric, tu comprends, il est pris dans la machine, c’est comme une roue qui tourne.

Dirais-tu que dans ta pensée tu es profondément écologiste, ou pas ?

Oui, dans un certain sens. Mais en même temps… Tu sais, mon ex, la mère de mon plus vieux, c’est une végane de type stalinien. Ce n’est pas vraiment la viande selon moi le problème. Considère tous les problèmes de l’humanité comme une rivière de merde, qui coule. Une rivière, ça se remonte. Et la base, au départ, c’est le fric, tout ça c’est à partir du fric. Le fric, pour moi, c’est la méta-injustice, l’injustice qui entraîne toutes les autres. La viande, ce n’est pas tellement le problème. Par exemple, prends mes parents, octogénaires, ils mangeaient de la viande bio sans le savoir, mais ils n’en mangeaient pas tous les jours. Le problème, c’est de vouloir fournir de la viande à tout le monde tous les jours, trois repas par jour. Il est là le problème. Une bagnole, en soi, c’est magnifique, mais pas des milliards de bagnoles partout. Oui, j’ai une conscience écologique, mais en même temps, j’aime bien une bagnole, c’est pratique. Je ne serais pas le genre à foutre tout le monde à pied, non.

C’est vrai que certains écolos ont un côté facho…

Oui, certains, mais c’est comme partout. Tu sais, mon ex, elle est végane, et elle a fait le serment à un moment donné de ne plus s’asseoir avec quelqu’un qui mange de la viande. Il y a du dogmatisme partout. Moi j’ai déjà entendu un végane, un copain d’amis, qui avait le même discours qu’Hitler avec les juifs, mais lui avec les gens qui mangent de la viande. La même chose : « ah, il faut les foutre au mur !… »

Et ta fascination pour les dignitaires nazis, est-ce que tu peux essayer de l’expliquer un peu ?

C’est d’être arrivé à pousser à bout l’horreur et la démagogie, mais d’une façon très esthétique. En même temps, il y a un côté qui me charme, c’est un peu bête à dire, de voir ces beaux uniformes, ces logos. Ça m’interpelle, parce que moi je suis quelqu’un de très rigoureux et planificateur.

Ça correspond un peu à ton esthétique en fait…

Oui, absolument.

Le Salon Vendetta & le festival Vendetta ta-ta-ta / Photo by Marc Tessier, 2023
Le Salon Vendetta & le festival Vendetta ta-ta-ta / Photo by Marc Tessier, 2023
Le Salon Vendetta & le festival Vendetta ta-ta-ta / Photo by Marc Tessier, 2023
Le Salon Vendetta & le festival Vendetta ta-ta-ta / Photo by Marc Tessier, 2023
Le Salon Vendetta & le festival Vendetta ta-ta-ta / Photo by Marc Tessier, 2023

Tu disais que tu n’avais pas de visée esthétique, mais tu n’en pas moins une esthétique singulière, assez proche de celle des esthétiques totalitaires…

Oui. Dans mon dernier livre, qui a été édité en anglais, j’ai fait des marges avec des svastikas, en miroir, déployés, il y a plein de symboles, j’ai tout mélangé en fait, les symboles juifs, francs-maçons, etc. Tu sais, les gens vont essayer de chercher les messages. Mais il ne faut pas chercher à comprendre au fond, j’ai juste fait ça pour jouer. C’est une globalité.

Et il y a une dimension de provocation aussi…

Oui, évidemment. Parce que le svastika, quand tu l’utilises, surtout dans le monde occidental, c’est un symbole très ancien qui a été dévoyé, corrompu, par les nazis. Moi j’essaie de le réhabiliter à ma manière, si on veut. Mais je sais très bien que quand tu utilises ça, c’est un frein. J’ai été surpris d’être publié au Canada anglais, parce que j’étais sûr que ce truc-là ne serait jamais publié. Nathalie, mon ex, m’avait dit : tu ne devrais pas mettre des svastikas, tu ne seras jamais publié.

Et pourtant, ils l’ont publié. Peut-être que maintenant, ça passe…

Moi je pense que oui. Au Canada anglais, oui. Parce qu’à un moment donné j’étais allé voir, il y a beaucoup de sites qui militent pour la réhabilitation de ce symbole-là, des bouddhistes, des gens qui disent : non, arrêtez de voir ça comme un signe nazi. Mais moi je l’utilise parce que c’est esthétiquement magnifique. J’ai fait des milliers de variations là-dessus.

Et tu disais que tu ne votais pas… Tu n’as jamais voté, ou ça t’est arrivé ?

À une certaine époque. Et puis finalement, non, je ne vote pas, non.

Le Salon Vendetta & le festival Vendetta ta-ta-ta / Photo by Marc Tessier, 2023
Le Salon Vendetta & le festival Vendetta ta-ta-ta / Photo by Marc Tessier, 2023

Dirais-tu que ta posture a quelque chose à voir avec l’anarchie ? Est-ce que ça t’intéresse, l’anarchie ?

Oui, absolument. Premièrement, pour moi, la politique, c’est des millionnaires qui jouent au ballon. L’anarchie, c’est une utopie. Ce qui est dommage c’est qu’on a éduqué les gens à penser l’anarchie comme étant synonyme de chaos, de guerre. Alors que ce n’est pas vrai du tout. C’est l’absence de pouvoir, tout simplement. En fait, c’est une utopie, parce que tu te dis : est-ce que c’est possible qu’il n’y ait jamais de pouvoir ? Il y a eu des expériences qui ont été faites où tu mets une vingtaine de personnes dans une salle et immanquablement tu en as certains qui prennent les devants et les autres suivent. Moi je pense que c’est un des drames de l’humain, c’est-à-dire qu’on est grégaires et la grégarité c’est un paradoxe : on veut tout faire pour intégrer le groupe mais en ne pensant qu’à ses propres intérêts. Par exemple, il y a un mec que je connais, qui travaille dans le centre-ville, dans un truc d’analyse et de nettoyage des sols, donc a priori c’est écologique, et pourtant il va travailler en bagnole alors même qu’il y a un métro à côté de chez lui et un métro à côté de son boulot. Et il invoque un paquet de prétextes, lui qui a en principe tout pour être conscientisé et qui pourrait très bien décider d’aller travailler en métro. Mais ceci dit, moi, avec de l’argent, si je me retrouvais à la campagne, j’aurais une putain de bagnole, je serais motorisé, je me connais.

Où vis-tu exactement ?

Moi je vis dans un garage, à Montréal, chez ma fille, près du métro Joliette, un peu l’équivalent de la Bastille. J’ai un garage où j’ai posé des toilettes, un bain, deux lavabos, j’ai tout isolé, et c’est une gestion de l’espace à la japonaise. Mais je ne paie presque rien.

Et à nouveau ce n’est pas qu’un logement, c’est aussi ton atelier, ton studio…

Oui, c’est tout en même temps. Parfois je mange dans mes collages… Beaucoup de gens ne seraient pas capables de faire ça. Mais je suis quelqu’un de très organisé. Même si je n’en ai peut-être pas l’air, je suis quelqu’un d’assez strict en fait. Tu vois, mes BD, mon prochain livre, il n’y a rien au hasard. C’est un chaos calibré, si on veut.

Et pour en revenir à l’anarchie, c’est une idée importante pour toi, même si c’est une utopie.

Oui.

Dirais-tu que tu es anarchiste ?

Bonne question… Non, je ne suis pas vraiment à cent pour cent anarchiste. Mais ça dépend de l’idée que l’on se fait de l’anarchie. Pour moi, l’anarchie, ce n’est pas le chaos, il y a des règles. Je ne sais pas. Cela dépendrait de quelle sorte d’anarchie tu parles.

Et toi, alors, de quelle anarchie te sens-tu vraiment proche ?

Je l’appellerais une « anarchie fantasme ». Un rêve onirique de voir tous ces gens s’organiser sans avoir un patron, faire ce qu’ils veulent et tout. Mais comme je te le disais, je pense que la plupart des gens – c’est le côté grégaire – sont insecures, ont des peurs, donc ont besoin d’un patron. Ce n’est pas la cause du système, c’est le résultat. On a besoin de ça.

Et toi, te sens-tu grégaire, ou au contraire es-tu le mouton noir ?

Moi, à m’écouter, je ne verrais jamais personne. Et les alcooliques anonymes m’aident beaucoup pour ça, depuis que j’ai arrêté de boire et que j’y vais régulièrement. Il faut absolument que je voie des gens au moins une fois par semaine. Parce qu’à m’écouter je suis fondamentalement asocial.

Misanthrope ?

Misanthrope, je l’étais. Maintenant, j’aime l’humain. Mais pendant longtemps, je n’étais pas loin d’être misanthrope. Depuis dix ans, ça m’a réconcilié avec tout ça. Parce que moi, il y a dix ans, quand j’ai arrêté de consommer, je ne voyais plus personne. J’étais dans un petit réduit et je passais des semaines sans voir personne.

Et je buvais.

Drogue aussi ?

Non. Cigarettes, alcool.

Tu as arrêté les deux en même temps…

Oui. Je n’ai pas eu le choix.

Mais malgré ce côté isolé, ou solitaire, en revanche, dans ta manière de t’exprimer, tu es jovial, tu es un charmeur…

Oui, j’ai un côté social, depuis toujours.

Donc, tu es quelqu’un qui aime vivre seul, mais quand tu es en société, tu donnes le change…

Oui, mais ça, ça vient beaucoup de ma famille. Ma mère, malgré l’image de quelqu’un de vraiment cool, est en réalité une personne très autoritaire, contrôlante, de sorte que moi, ça m’a amené à être très habile, à dire toujours ce que l’autre veut entendre. J’ai des difficultés à dire non. Parce qu’à elle, quand tu disais non, c’était la guerre atomique. L’équation était : si tu es contre moi, tu es mon ennemi. Tu n’argumentais pas avec elle, jamais. Par conséquent, j’ai déçu beaucoup de gens, parce que mes actions souvent ne correspondent pas à mes paroles. Mais maintenant, je le sais, et j’essaie de faire des efforts. C’est ce que j’ai expliqué à Bolino, parce qu’il disait : ah, on ne te voit plus, tout ça. Là j’ai fait un effort pour venir en France pour les vingt-cinq ans du Dernier Cri. Ça a mis un mois à prendre la décision. Actuellement, à Paris, c’est une orgie de social pour moi. Quand je suis à Montréal, je vais à ma petite réunion des alcooliques anonymes une fois par semaine, puis je vais chez une amie, et j’en ai assez. Après, du dimanche au vendredi, je ne vois personne. Je travaille.

Le travail artistique, c’est obsessionnel…

Oui, c’est une obsession-compulsion.

Tous les jours tu dessines…

Absolument. Et quand j’écoute la télé, c’est que je suis vraiment très fatigué. Et puis, c’est toujours des films, jamais autre chose. Finalement mon univers reste simple et limité.

Et là, en ce moment, as-tu le temps de dessiner ?

Non, là je ne dessine pas. Quand je vais rentrer, je m’y remettrai.

Et voyages-tu beaucoup ?

Ça c’est une autre question, c’est une bonne question. J’ai perdu beaucoup de motivation à voyager. Avant, ça m’excitait, mais j’ai moins de motivation. C’est comme là, avec ce séjour en France, j’ai eu ma dose pour les cinq prochaines années, minimum. Pakito voudrait que je revienne pour un truc à Bordeaux. Il faut que je lui dise : écoute, Pakito, on se revoit dans quelques années. Et puis, on vieillit aussi, tu sais, moi je vais avoir soixante ans. Je m’ennuie de mes pantoufles.

De quel milieu social tes parents étaient-ils issus ?

C’étaient des fils et filles d’agriculteurs qui ont passé leur vie à essayer de faire croire qu’ils n’étaient pas des fils et filles d’agriculteurs. C’est cette génération-là, surtout au Québec. Et eux, c’étaient des gens qui se sont battus pour la création des syndicats. En fait, la société québécoise, si on veut, en 1950, était un peu comme les Français en 1900. Tu sais, la séparation de l’Église et de l’État, les syndicats, tout ça, nous c’est arrivé dans les années 1950. Mes parents, c’est la dernière génération où la religion avait une emprise énorme sur la société du Québec.

Eux, ils étaient très antireligieux…

Oui, anticléricaux, antireligieux, vraiment, complétement.

Des vrais communistes. Tu disais l’équivalent des communistes…

Il n’y a pas de parti communiste au Québec. Mais la mentalité de mes parents, c’est qu’ils sont très frustrés, par exemple, par tout ce qui s’appelle l’élite bourgeoise, friquée, qui, à leurs yeux, accapare les ressources. En même temps, mes parents ne sont pas des gens qui ont une ouverture d’esprit. Moi, c’est récent qu’ils me considèrent comme un artiste. Avant, ils me disaient plutôt : non, ne perds pas ton temps à dessiner, vas traire les vaches… Mon père et moi, on est complètement à l’opposé du spectre. Lui c’est un comptable qui a subi sa vie tous les jours, qui haïssait la comptabilité, qui haïssait les anglophones, qui haïssait les juifs anglophones. Il était comptable pour des juifs anglophones…

Antisémite ?

Non, pas vraiment antisémite. Je dirais plus : xénophobe. C’est-à-dire que le manque d’ouverture d’esprit les amène à se rapprocher de leur clan et donc à rejeter l’étranger.

Et toi, ça n’a jamais été ton cas ?

Non. Mais sauf que eux, cette génération-là, ils étaient déjà très avancés au niveau de leur pensée sociale par rapport à la norme de leur époque.

Donc ils étaient arriérés pour l’ouverture à l’étranger, mais avancés pour les questions sociales, et ils n’arrivaient pas à faire la connexion entre les deux…

Non, ils ne l’ont jamais faite. Mais il faut dire que le Québec de la fin des années 1950 était très similaire à la décolonisation d’Afrique, c’est-à-dire une population extrêmement jeune qui voulait un morceau de gâteau. Mais le Québec a ceci de particulier, qu’on est des colonisateurs qui ont été colonisés. On est comme dans un oignon, mais au milieu, c’est-à-dire entre le cœur, qui est les autochtones, et les angloaméricains, qui sont extérieurs.

Donc ton père était comptable, et ta mère ?

Elle a fini par travailler comme caissière dans une pâtisserie. Mais le pire, c’est que moi, mon père, je l’ai vu subir sa vie, je l’ai vu subir tout, toute sa vie, mais il n’a jamais pris une seule décision de changer quoi que ce soit. Et c’est ça, moi, que je trouve fascinant. À quel point l’individu peut endurer une situation qui au départ est inconfortable, ou même négative pour lui, et il va préférer endurer ça que de faire le saut pour être libre. Parce que cette sortie, elle est effrayante pour ces gens-là. Mais tout ça, c’est du conditionnement.

C’est le conformisme. Ton père est un conformiste.

Exactement.

Sauf peut-être pour la politique, pour leur engagement.

Leur engagement social, de syndicalistes, était assez exceptionnel pour l’époque.

Et toi, as-tu exercé des métiers salariés au cours de ton existence ?

Oui, au début, quand j’étais jeune. J’ai été préposé aux malades dans un hôpital. Mais moi, mon problème, c’est que j’ai toujours eu beaucoup de difficulté avec la figure paternelle : employeur, propriétaire, même conjoint, de sorte que ça a été le bordel toutes les fois.

Donc, tu es vraiment un anarchiste, au sens propre, tu rejettes toute figure de pouvoir.

Oui.

D’où ta fascination pour les figures d’Hitler et des dignitaires nazis : d’un côté, il y a chez toi une attirance sans doute esthétique, mais, d’un autre côté, c’est en quelque sorte la manifestation extrême de tout ce que tu hais, de tout ce que tu rejettes.

Oui. C’est ça. Mais en même temps, moi, ça me fascine. Surtout qu’en fait, eux, ils ont poussé l’esthétisme assez loin, c’était simple, efficace…

Et l’imagerie de l’Union soviétique ?

Oui. Ils étaient forts aussi. Mais le problème, c’est la moustache de Staline. J’ai beaucoup de difficulté à faire le portrait de quelqu’un qui a une barbe ou une moustache.

Hitler aussi a une petite moustache…

Oui, mais ses amis sont intéressants. Hitler, j’ai fait peu de portraits de lui en fait. Mais j’ai surtout beaucoup trafiqué les autres. Dès qu’il n’y a pas de moustache, moi ça va, mais quand il y a une moustache… Cependant, j’ai un projet de faire un portrait de Staline, depuis longtemps.

Et dans ce cas, les portraits que tu fais, c’est plutôt de la peinture ?

Ce sont des étages. C’est-à-dire que c’est de la peinture, mais pas au sens classique du terme. Par exemple, récemment, j’ai fini quelque chose où l’image est formée par des étages de morceaux de carton, avec le fond du tableau qui est troué.

Tu n’aurais pas le projet de faire un livre uniquement avec des portraits de dignitaires nazis ?

Oui, ce serait bien !

Au Dernier Cri, tout en sérigraphie !…

Oui, je vais faire ça. Tu me donnes une idée. Je vais dire : d’après l’idée géniale de Xavier-Gilles Néret !… Ah ah ah !…

Pour en revenir au travail salarié, tu disais que c’était quand tu étais jeune…

J’ai travaillé aux Foufounes, qui était quand même moins pire qu’un milieu de travail ordinaire. Et je suis devenu sérigraphe, à mon compte. Et maintenant, depuis 2000 à peu près, je suis assisté social, je touche une petite somme.

Et le reste de tes revenus, c’est ton mécène, juste une personne…

Oui, c’est mon mécène. Je pourrais vivre sans lui. Mon B.S. [« bien-être social », l’équivalent du R.S.A.] me le permettrait. Mais disons qu’il me tient la tête en haut de l’eau.

De toute façon, tu n’es pas un grand consommateur…

Non, en effet… Mais j’ai un vélo !…

Tu vis simplement…

Oui, voilà. À l’occasion, je peux claquer mon fric, par exemple, dans du matériel pour peindre. À l’occasion mais rarement. Sinon, réparation du vélo, ou d’autres trucs… Là, je me rends compte qu’en revenant au Québec, il faudrait que je me rachète des fils, pour faire un peu de noise bizarroïde.

Quand tu vois ton avenir, tu vas continuer à dessiner, à faire des livres…

Oui, je ne pense pas que je vais changer vraiment. Je pourrais faire plus de pub, mais pour moi c’est abstrait tout ça. Je vois ça comme une dinde qui pond un œuf, après elle prend le camion pour aller au marché vendre ses œufs. Moi, mon plaisir, c’est de faire le tableau. Une fois qu’il est fait, j’en fais un autre. Je ne prends pas le téléphone. Je ne vais jamais dans les vernissages à Montréal. Ça ne m’intéresse pas vraiment, parce que c’est toute une partie de connexion, de pistonnage. Pour moi, non, c’est abstrait. J’ai l’impression que je vais finir quand même par être reconnu – je le suis déjà un peu –, mais plus tard. C’est sur le long terme cette affaire-là, j’imagine.

Et quant au Dernier Cri, tu te sens assez proche de Pakito, c’est une sorte de frère…

Oui.

Et y a-t-il d’autres gens du Dernier Cri dont tu te sens proche ?

Fredox et Laetitia. Ceux qui ont un peu mon âge en fait. Les plus jeunes, je ne les connais pas. Je viens rarement à Paris. À Montréal, on est tous aux portes de la vieillesse, ceux que je connais ont entre cinquante-cinq et soixante-cinq ans. Il n’y en a pas beaucoup. Il n’y a personne d’autre que moi qui est au Dernier Cri. Certains font de la BD, mais il n’y en a plus qui continuent en fait.

Ils ont arrêté, ils sont passés à autre chose…

Oui. Ou ils vont travailler. Ou j’en connais qui font dans l’art contemporain. Ils gagnent leur vie là-dedans. Mais c’est fini les graphzines trash et tout. Ils font de belles installations…

Des trucs qui se vendent aux institutions…

Exactement.

Et ça, ça ne t’a jamais tenté, toi ?

Non.

L’art contemporain, ça t’intéresse ?

Non. Longtemps j’ai tout rejeté en bloc. Mais à un moment donné j’ai participé avec mes BD à une exposition collective au Québec, dont le thème était très intellectuel, la révolte ou quelque chose comme ça, je ne me souviens plus exactement, et j’y ai vu une installation d’un Sud-Américain qui m’a un peu réconcilié avec l’art contemporain. À partir de déchets il construisait une favela, et il expliquait que plus de la moitié de la population mondiale vivait là-dedans. Depuis je suis moins catégorique. Je prends les œuvres qui passent devant mes yeux un peu à la pièce, c’est-à-dire que soit je ressens quelque chose, soit je ne ressens rien. Je ne peux pas dire aujourd’hui que je rejette complètement l’art contemporain, non, je pense qu’il y a des choses intéressantes.

Et toi, préfères-tu travailler seul ou avec un éditeur ?

Je préfère travailler seul. Si on me le proposait, je ne ferais pas de la commande. Je ne travaillerais pas avec un éditeur qui viendrait me voir pour me dire : fais donc un truc dans ce genre-là… Non. Mais de toute façon, ils ne m’approchent jamais.

C’est-à-dire que l’éditeur est un exécutant de ton travail…

Dans un monde idéal, oui. Mais mon Nitnit, en français, je doute qu’il y ait un seul éditeur qui ose le publier… Pourtant, je pense qu’on a le droit à la satire. C’est un droit. En tout cas, en anglais, Nitnit va être édité. C’est déjà bien.

On le trouvera en France, dans quelques bonnes librairies…

Oui, sûrement, ou sur le web. Mais ça va être un livre rare. Toi, je vais t’envoyer le PDF en français, tu l’auras en électronique.

Mais j’essaierai de trouver le livre, parce que j’aime les livres en papier…

Évidemment. Quand j’ai fini Le Palais dé Champions, je pensais le vendre en livre électronique, mais les gens ne veulent pas les livres électroniques, ils le veulent en support papier.

Oui, c’est mieux ! Et que penses-tu du livre publié par L’Association, Ab Bédex Compilato, qui reprend tes anciens ouvrages en un seul volume ?

Ah, oui, c’est bien. Déjà, j’étais vraiment surpris qu’ils le fassent… Les ouvrages repris sont complets. J’ai peut-être même fait quelques remaniements pour insérer des planches que je n’avais jamais réussi à mettre ailleurs.

Et ce livre est-il diffusé au Canada ?

Oui, il est disponible en librairie. J’espère qu’ils le vendent encore. J’imagine. Je sais que depuis que c’est Killofer, c’est comme une autre affaire, L’Association. Mais tu vois, moi j’étais sûr que mon dernier livre Le Palais dé champions allait passer comme une lettre à la poste, mais non, ils ne l’ont pas édité. C’était Stéphane Blanquet, à un moment donné, qui était supposé le faire. Mais comme je ne suis pas en France pour cogner aux portes… Quoi qu’il en soit, ça ne s’est pas fait.

Et Blanquet, tu le connais bien ?

Oui, Je l’ai rencontré à quelques reprises. Il avait édité une petite plaquette à l’époque de Chacal Puant.

Tu as été bien reçu en France, édité par Le Dernier Cri, Chacal Puant, Sortez La Chienne, L’Association, etc. As-tu pensé t’y installer ?

Oui. Mais le problème c’est qu’avant j’avais l’illusion mais pas la motivation, aujourd’hui, c’est le contraire, j’aurais la motivation mais pas l’illusion. C’est-à-dire que quand j’étais aux Foufounes, c’était plus un fantasme : oui, je voudrais foutre le camp et aller en France, mais quand tu as des enfants, un boulot, tout ça, ce n’est pas évident… Aujourd’hui, je pourrais très bien venir en France et vivre de ce que je fais, mais en même temps, si c’est pour vivre serré à Paris, j’aime mieux rester où je suis, il y a plus d’espace.

Peux-tu me parler des Foufounes Électriques ?

C’est un club de bands, une salle de concert, punk, rock. Un peu comme le CBGB à New-York. De grosseur, je dirais, intermédiaire, pas petite mais moyenne, assez grande. Il y avait presque des concerts sept jours sur sept à un moment. Beaucoup de bands sont passés par là. Un lieu important.

Et toi, que faisais-tu là-bas, à part les affiches ?

J’étais graphiste, je faisais les pubs, les affiches, les designs des tee-shirts, un paquet de trucs. Ce lieu existe encore. Mais la belle période, on l’a connue, je dirais, les dix ou quinze premières années, de 1984 à 1997. Il y a eu une fermeture à un moment donné dans ces années-là.

Y a-t-il eu des livres sur ce club ?

Non, je ne pense pas. C’est le problème du Québec, on n’accorde pas vraiment d’importance à ces choses…

Le graphisme que tu y faisais, c’était intéressant, ou c’était juste pour gagner ta vie ?

C’était intéressant, parce que j’avais semi-carte blanche, je dirais.

As-tu gardé des archives de tes travaux ? Tu as tout ?

Oui.

Donc éventuellement, tu pourrais faire un livre sur cette époque, avec toutes les affiches que tu as faites…

Oui. De ce que moi j’ai fait avec mes designs, parce que j’en ai fait un paquet d’autres à partir des images des bands. Mais eux ont des archives de tous les trucs qui se sont passés, des archives papier. Et moi je trouve dommage qu’ils n’aient pas d’archives visuelles des films. Il y a un mec qui a filmé beaucoup d’événements, mais il garde tous ses trucs pour lui. C’est ça qui est dommage. Moi-même j’ai voulu avoir certains documents, parce que j’ai eu un band de musique, et j’ai joué là-bas, mais ça a été impossible d’avoir quoi que ce soit.

Même avec les artistes, il ne les partage pas…

Non. J’imagine qu’il attend d’aller jusqu’au cimetière avec ça.

Et le pire, c’est que quand ce type va mourir, sa veuve va probablement tout mettre à la benne, comme ça arrive souvent…

Exactement. Tu sais, les archives, c’est fait pour être partagé. Il y a quand même un mec qui compile tout ça, et à un moment donné il m’a demandé ce que j’avais sur les Foufs, et j’ai envoyé toutes mes affiches, tout ce que j’avais de matériel visuel à moi, j’ai tout nettoyé. Il était très content, il ne s’attendait pas à ça. Parce que les affiches sont dans une boîte, au sous-sol, ils s’en foutent un peu, c’est triste. Ils avaient une mine, ils avaient des trucs magnifiques là-dedans. Moi j’ai même eu Kurt Cobain à côté de moi, pendant un après-midi, juste avant qu’il ne devienne célèbre.

Pour finir, une dernière question : quels sont les artistes qui t’ont le plus marqué ?

Moi je te dirais, au départ, dans le désordre, Hans Bellmer, ça a été un choc, et George Grosz… Ensuite il y a Willem, dans la BD, et puis aussi Crumb, évidemment, Hergé, il ne faut pas l’oublier, j’ai un immense respect pour lui, même si c’est un néo-colonialiste d’extrême-droite crypto-gay, il a tous les défauts, mais…

Nitnit, c’est un hommage.

Oui, absolument. Il faut voir ça comme quelque chose fait avec un immense respect, même si l’histoire est terriblement odieuse, mais on ne se surprend pas des répliques dans la bouche des personnages, c’est naturel. Et en même temps, j’ai respecté la structure de l’histoire d’Hergé. Je les connais par cœur les Tintin, presque. Je les ai lus enfant. C’est un grand respect, mais je ne suis pas sûr que tout le monde voit ça de la même façon…

Bellmer et Grosz sont tes deux phares…

Oui, mes deux fortes influences. Quand j’ai vu leurs tableaux, adolescent, je suis resté scotché, Bellmer surtout, avec la sexualité… Ça c’est la classe, Bellmer.

Et est-ce que tu lis ?

Pas beaucoup. Non, malheureusement, je ne suis pas très lecteur. Moi, je regarde les images, comme un enfant…


VALIUM FOR EVER DU VALIUM POUR TOUJOURS


henriettevalium.com


neret
Xavier-Gilles Néret ‘Graphzine-Graphzone’ 2019

Pour ceux qui veulent voyager au centre de l’histoire graphique underground. “Graphzine Graphzone” est la première étude approfondie consacrée aux graphzines préparée par Xavier-Gilles Néret.

GRAFZINE GRAFZONE


Beyond All Hierarchies -A- Naked Truth: Nackt Kollektiv

Nacktkollektiv ‘Silent Green’ group picture

“This moment is ours and we encourage you to see it with our eyes as well.”

Nackt Kollektiv made up of artists and activists who want to speak the truth of their minds and bodies through art.

They want to speak out art. They are at war with patriarchy and capitalism. They rehabilitate the ugly, the fat, the witches and revolutionaries to fight against what is forced upon them, to break the invisible chains of their oppressors with the nakedness of the truth.

Cristina (ViVi Black), Mariana Rodriguez Acebal & Jördis Hirsch in screen-printing studio in STATTLAB, 2022

They are Cristina (ViVi Black) from Barcelona, who is currently also studying art therapy, Mariana Rodriguez Acebal, an illustrator and comic book designer, and Jördis Hirsch, a screen printer and freelance artist at STATTLAB on Drontheimer Straße in the Soldiner Kiez.

Since Jördis and Mariana knew each other from a stay in Paris and Cristina and Mariana were friends, things soon came full circle: In 2021 they came to found the collective together -with about ten other participating artists- and are dedicated to authenticity, truth and the unembellished, which is related to being a woman; they encounter each other in a strictly authentic manner, towards themselves and together. And they support each other by planning the exhibitions together and also balancing each other out in their contributions, which can be very important when several projects need to be kept going at the same time.


Exhibit Poster R114

“Doesn’t matter from which scene you come, this need of competition and rivalry exists and it can create a very toxic behavior towards someone. We have enough repression by being a woman in this society, so let’s support each other’s success and create a beautiful net that goes on the way to overthrow the patriarchy.”

VIVI BLACK

Cristina is an illustrator and graphic designer from Barce­lona based in Berlin. She finished her graphic design studies in 2016 and then moved to Berlin. Her work would be defined as feminist, surrealistic and figurative art.

A short interview with ViVi ‘Cristina’ Black, one of the founders of Nackt Kollektiv

In her artworks, she wants to grasp different types of bodies, such a woman’s body, trans, queer or intersexual bodies in various techniques, materials and coatings that represent the beauty of those bodies, and she convey the fee­lings and sensations that someone can feel in the course of one’s life, especially when you are an immigrant and woman. Her artworks and projects, such as feminist fanzines, illus­trations and designs, seek to combine what we feel about ste­reotypes of the “non-standard bodies”, through paintings, texts and drawings that usually have a dual meaning and express harshness as well as beauty.

‘Androgynous Celtic Roots’ by ViVi Black dedicated to real warriors, our mothers.
NØTHING – Ø demo [ALLEMAGNE – 2022]

> ViVi BLACK <

ViVi Black

A short interview with Jördis Hirsch, one of the founders of Nackt Kollektiv. Berlin 2022

Jördis Hirsch

Jördis Hirsch works as a freelance artist with a focus on screen printing in Berlin. After studying graphic design and illustration in Marburg and Paris, she has been leading workshops, exhibitions and art projects in the artist collective STATTLAB e.V. since 2015. She has received several grants for artist residency programmes in France, Italy, Tanzania and Mexico. As poster art, her interventions conquer public space.

She specialises in the graphic depiction of people and animals in an urban context. Subtle humour and socially critical commentary are set in the context of gender-specific role models and hierarchical structures. She works mostly analogue, using sustainable materials from her immediate environment that she incorporates into the printing process.

Jördis Hirsch, silk screen series

Geboren in den letzten Zügen der DDR hat Jördis ihre Kindheit im Berlin der Wendejahre verbracht. Alles schien möglich, alles war im Um­bruch, alles sah neu aus, war es aber nicht. Berlin ist Jördis trotzdem treu geblieben, nach einem Kunststudium dass sie erst in den goldenen Westen und später nach Paris verschlug, kehrte sie aus Liebe zu der großen hässlichen Stadt zurück und baute hier gemeinsam mit einer Gruppe unerschrockener Idealisten ein Künstlerkollektiv auf. Druc­kend, zeichnend und singend bahnt sie sich seitdem ihren Weg. mit offe­nen Augen und der Sehnsucht im Herzen, die die Überwindung einer Grenze hinterließ.

Ihre Werke sind gekennzeichnet durch einen expressiven Ausdruck und einen kompromisslosen Strich, sie sucht darin zu fassen was uns Mens­chen alle miteinander verbindet. Eine wichtige Rolle spielt der Humor als Ausdruck von Lebensfreude und Furchtlosigkeit vor dem Schicksal. Im spielerischen Zugang er­kennt man den Ernst der Lage. Ihre Motive, in denen tierisches häufig nur allzumenschlich, menschliches dafür umso animalischer wirkt, sind Zeichen des Aufbegehrens. Das spiegelt sich auch in Jördis Technik wieder, in der sie bewusst Elemente der Monotypie der repeptitiven Te­chnik des Siebdrucks entgegen setzt.

joerdishirsch.com

Jördis Hirsch with her mural, 2022

NK Exhibition at Werkhallewiesenburg 2022, Berlin / Photography by Minuit Moins Six

NK Exhibition at Werkhallewiesenburg 2022, Berlin / Photography by Minuit Moins Six
NK Exhibition at Werkhallewiesenburg 2022, Berlin / Photography by Minuit Moins Six
NK Exhibition at Werkhallewiesenburg 2022, Berlin / Photography by Minuit Moins Six
NK Exhibition at Werkhallewiesenburg 2022, Berlin / Photography by Minuit Moins Six
NK Exhibition at Werkhallewiesenburg 2022, Berlin / Photography by Minuit Moins Six

Photography by minuit moins six


NK Exhibition at Werkhallewiesenburg 2022, Berlin

THE GIRL THAT SETS WORLD ON FIRE

KARPETT

My art is a declaration.

A declaration of war
Against this capitalist system which exploits us,
Kills us,
Destroy us,
Oppresses us,
And assassinates us.

KARPETT – Wood Cut, 2020

My art is a riposte.

I create for the women,
For the faggs,
For the dykes,
For the trans,
For the poors,
For the stoners,
For the unloved,
For the forgotten,
For the foreigners,
For the refugees,
and all those left behind.
I create to give them a weapon,
I create to teach them how to fight,
I create to give them the right to exist,
I create to make them believe in themselves
I create to show them that they have value
I create to give them back their dignity,
I create to encourage them to never stop fighting, without
making any concession.
I create to give them hope,
I create to show them that a brighter future is possible.

karpett

KARPETT – Wood Cut, 2020

Mural art by KARPETT / Nackt-Kollektiv, Werkhallewiesenburg 2022, Berlin

Photography by minuit moins six

Mural art by KARPETT / Nackt-Kollektiv, Werkhalle Wiesenburg 2022, Berlin

Anka & Darkam at Sterput for the Darkam exhibition, 2018

ANKA

After strolling through the corridors of the Academy of Fine Arts in Liège during her training in monumental painting, followed by the study of Comics at St Luc in the same city, she left for Brussels to make new experiences. At that point she became active as an event planner in different locations, including the E2 Gallery “Le Sterput”. She became in charge of organizing various types of events, such as exhibitions, concerts, happenings, performances, editions, etc… From this rich background built through involvement and connections, she aspired to get back to her first discipline, personal and current, the art of illustration.

Anka Drawings at Berlin at Disconnect store exhibition 2020
Anka Drawings 2021-2022

“I mostly focus on portrait drawing because I like capturing people’s emotions and transmitting it through my own vision, whether it might be a harder view, something more dynamic or supernatural. My drawings are the sharing of my own sensistivty, an inner emotional response to a subject or a person.”

Anka Drawings 2021-2022
Anka with her self-published E² labeled Darkam’s book

Anka also published a book of Darkam’s illustrations and recorded a -very disturbing and transgressive- live performance held as part of the exhibition.

Apart from this, we can’t help talking about the artist’s productions for many different collectives and publications such as ‘Gonzine’, ‘Alkom’x’, ‘EpOx et BoTOx éditions’. Also the latest works for the ‘Archives de la Zone Mondiale’ and of her collaboration with the editions like ‘Bongout’ Beuys On Sale (in graphzine and photo edition) are some of the artist’s remarkable works.

Anka ‘BONGOUT edition 2021’, Anka Drawings 2022

For more art and communication:

anka_drawings


Mariana Rodríguez Acebal / photography by Teresa

Mariana

Rodríguez Acebal

Mariana Rodríguez is a Berlin-based comic artist, she is best known for her symbolic, free style illustrations highly inspired by feminism. Her techniques are normally screen printing, simple drawings or watercolors. Also, she’s a member of the Berliner underground comic group “Bilderberg Konferenz”.

Mariana Rodríguez Acebal
Mariana Rodríguez Acebal ‘The Níght Citizens’

The line of the illustrations are filled with cynical humor, and the concepts touch absurdity in order to reflect the irony of reality.

> Walrus Blues <

Mariana Rodríguez Acebal

Teresa Hide

Teresa Hide

Teresa is a content writer from Spain, always passionate about old cameras and analog photography. After graduating as a psychologist she moved to France where she further developed her interest in analog photography amidst a stimulating artistic environment. Teresa often shoots on 35mm film but she also experiments with medium formats and instant film cameras. She captures meditative moments, portraits of friends, apprehen­ding the uniqueness of people, places and situations seen throu­gh the eyes of a curious observer.

T e r e s a

Analog Photography


M Ö S T L Y C R Ü D E / Berlin 2020

MICHAELA PETRANOVA

Michaela is a travelling fine-art photographer with a current residency in Berlin. She has always been fasci­nated by the capability of a photograph to capture a moment that’s gone forever. For her, photography has a bigger meaning.

With every photo she takes, she feels the responsibili­ty of creating something powerful, something that could eventually become a visual heritage of world cultures and urban subcultures. In her artwork, she likes to express raw emotions, often something strange yet beautiful.

Michaela Petranova, 2020

She plays with light and bold colours, and in most cases, her photographs have a dramatic, cinematic feel to them. Whether they are ordinary people or remarka­bly talented artists, she finds all her subjects, in one way or another, very inspiring, beautiful, and absolutely crucial to her artwork.

mpetranovaphoto


Criminal Flowers ‘Vegan Flash Day’ 2021
Criminal Flowers

CRIMINAL FLOWERS

Rebbeca Sauve is an artist and tattooer currently based in Berlin. Inspired by political atrocities, dystopian societies, horror movies, all things dark, and a deep love for punk.

don’t forget to check out for more:

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Criminal Flowers, illustration, ink on paper, 2021
Criminal Flowers, ink on paper tattoo art, 2021

Mallie Hellström

A Northerner Storm

Mallie Hellström

Mallie Hellström is a contemporary analog collagist and interdisciplinary artist works in her own studio based in Berlin, Lichtenberg. Mallie is a young artist, but it is possible to come across an intense experience in her art already. She is synthesizing the modernist collage tradition with the surrealist attitude, bringing it to the present day and creating miracles.

She also curates regularly group-exhibitions and art-events such as Karnival Of Arts – that is a three days art-event since 2020 (with focus for flinta artists since 2022), and in solidarity from this year with artistic and cultural associations with social interests.

She has been interested in colors since her early ages, has improved herself by making detailed drawings and posters over time. In the paintings which she creates by releasing the subconscious with surrealist automatic technique, a decorative intensity, a textural elegance, interesting symbols and expressions waiting to be revealed are hidden.

Mallie Hellström, ‘Untitled’ Mixed media collage, 2022
A short presentation from Mallie Hellström, one of the participating artists of Nackt Kollektiv

These are not enough for Hellström, with the collage technique she has developed, the artist begins to create touching and critical scenes over time.

Her work honors the Dada aesthetic in the 21st century. Mallie takes the viewer on a tour through many layers of thought and history in her compositions created with the traditional method, these visual poems can also be read as serious paintings that examine many concepts.

Mallie Hellström ‘Höhenangst’ Mixed media collage, 2023

She also takes active part in many art collectives and open to receive requests for exhibitions as well collaborations under her instagram @artbyhellstrm or by email artbyhellstrm @ gmail.com

Mallie Hellström, ‘Soul Tank’ Mixed media collage on paper (made out of a older abstract painting of the artist) 19,5 x 14,0 cm, 2016-2023

for more: artbyhellstrm


A mini-interview with Mallie Hellström, one of the participating artists of Nackt Kollektiv. Berlin 2022

Maria Mö

Contemporary artist & İllustrator from Berlin

a.k.a Maha Mask

Maria Mö ‘Mask relief’ exhibited at Werkhalle Wiesenburg, 2022, Berlin

Katya Yakihama’s artworks at Nacktkollektiv exhibition, 2023
Katya Yakimakha

KATYA YAKIMAHA

Katya Yakimaha, has been drawing since 2015 and loves to draw posters of festivals and art for merch, she is very active in the punk-sce­ne in St. Petersburg and also does great tattoos.

kobra_katya_tattoo

Tattoo sketchbook by Katya Yakimaha, one of the participating artists of Nackt Kollektiv. Berlin 2023
Katya Yakimakha

Kristina Zero

Chaos in Order

KRISTINA ZERO

Kristina is an illustrator and tattooer from Greece based in Berlin.

Kristina Zero

Naava Kelo

“How do we live in this fast-paced modern society in a spiral of endless consumption, increasing right-wing politics, patriarchy and inequality?”

Naava Kelo

Naava Kelo is a photographer who thrives from the nature, but got caught in the beat of the city. When observing the life and rhythm of the developing Metropol, Naava reflects questions through the lens; How do we live in this fast-paced modern society in a spiral of endless consumption, increasing right-wing politics, patriarchy and
inequality?

She combines urban scenery and elements of nature with mixed technics of analog and digital photography.


IINA, Japan, 2023

IINA

Finland based photographer and illustrator lives in Berlin.

maitopuklu

IINA, Berlin, 2022
IINA, Japan, 2023

Sara Bipede ‘Everything Connects’ 2020

SARA BIPEDE

Graduated at the art academy between Milan and Rotterdam in 2009. After that chose the underground comic world of small publishing houses as the right environment to develop her art. Since 2011 has been self publishing her comics, posters and zines and taking part in numerous festivals and publications all around Europe. At the moment she’s involved in two big projects, printing her new comic book ©IOSOJRASERILAB, a workshop at 1400 mt in the Italian alps and mixing masks craft, songwriting and video in her music project VAS.

sara.bipede

Sara Bipede ‘Meltificatia’ 2020

Marina Knup ‘ABC da Anarquia’ 2017

Marina Knup

Anarkopunk, tattoo artist/ illustrator and anarchist movie maker from Brasil based in Mexico. Part of the projects Anarco Filmes, Tormenta flegra Konspiracio -nes Nomadas- Distro y editorial, and another initia­tives on punk/ anarchism.

Marina Knup Tattoo


Picture taken in Georgia of a survivor lady by ViVi Black

LONG LIFE TO OUR LADIES!

We vindicate the figure of the LADY as a perpetuator of the D.I.Y, as a survivor of a rotten system that belittled, mistreated and silenced them. Their experience and knowledge will always be an inspiration.

Their resistance is what defines them.

Let’s vindicate the figure of the LADY!


Jördis Hirsch, Cristina (Vivi Black) and Mariana Rodriguez Acebal in STATTLAB

Liberation and freedom for a life in Diversity and with creativity.

The striking red stamp-like logo Cristina made is a striking emblem. It is a circle filled with symbols of the vulva and phallus in order – as Jördis Hirsch describes it – to politically emphasize the desired and desired togetherness.

The women of the Nacktkollektiv appreciate it very much to be connected with artists also internationally, because the many feminist perspectives that are thereby brought to women’s concerns expand the insights and insights into what women today want to fight for: Liberation and freedom to live in diversity and with creativity. An insight into the work of the women artists is provided by an extensive illustrated portfolio. It is Mariana who promotes the networking of the interested international women artists and also prints their works or strengthens their acquaintances from other contexts.

Based on the article written by Renate Straetling for the Weiser magazine.

Feministischer Authentizität verbunden: Nacktheit = Selbstvertrauen

NK Group picture – Werkhalle Wiensenburg

KARPETT adds finally

“We are a ‘Women Collective’. If so far most of our members are cis women, I would say that we are a “FLINTA” collective, we are open to women and queers, gender non conforming or trans people and we want to create a safe space for them to create.”

An AnarchoPvnk feminist Art Collective

based in Berlin

Nackt Kollektiv

SO PAY ATTENTION !


Henriette Valium: Le Salon Vendetta & Le Festival Vendetta Ta-Ta-Ta

Dessin en hommage à Henriette Valium by Julien Gardon

“Nul n’est prophète en son pays. À part peut-être Ben Laden !

LE SALON VENDETTA & LE FESTIVAL VENDETTA TA-TA-TA

Chéries Graphies

Sébastien Boistel / Ventilo Magazine no: 476

Après la pause covidienne, le salon marseillais du fanzine Vendetta fait son retour. Et la nique aux censeurs avec un hommage au pilier de l’underground canadien, Henriette Valium.

Sur la porte du Dernier Cri, à la Friche de la Belle de Mai, un écriteau en guise d’avertissement : « Interdit aux moins de 16 ans ». La réalité, deux étages plus bas, serait-elle moins crade, avec ce Pôle Emploi au frontispice duquel un chômeur a inscrit à la bombe « Donnez-moi du travail » ? Au Dernier Cri, en tout cas, on n’en manque pas, l’équipe étant en train d’usiner ferme pour l’ouverture de la neuvième édition du salon marseillais du fanzine et de la microédition, Vendetta, qui se déroulera du 10 et 12 février. Un festival créé en 2013, en marge cette année où Marseille fut éphémère Capitale européenne de la Culture. Et qui, Covid oblige, a dû faire une pause en 2022. Alors, pour son retour, Pakito Bolino, fondateur du Dernier Cri et du salon, met les bouchées doubles. Sans cacher une certaine nervosité. Il faut dire que le climat est loin d’être serein, comme en atteste la polémique qui a entouré l’exposition de Bastien Vivès à Angoulême, puis son annulation. Dans le Monde, une quarantaine d’acteurs culturels ont dénoncé une société au « bord de l’obscurantisme ».


Le Salon Vendetta & le festival Vendetta ta-ta-ta / Photo by Marc Tessier, 2023
Le Salon Vendetta & le festival Vendetta ta-ta-ta / Photo by Marc Tessier, 2023
Le Salon Vendetta & le festival Vendetta ta-ta-ta / Photo by Marc Tessier, 2023
Le Salon Vendetta & le festival Vendetta ta-ta-ta / Video record by Marc Tessier, 2023

After the Covid break, the Marseille salon of the Vendetta fanzine is back. And the picnic to the censors with a tribute to the pillar of the Canadian underground, Henriette Valium.

On the door of the Dernier Cri, at the Friche de la Belle de Mai, a sign as a warning: “Forbidden to under 16s”. Would the reality, two floors below, be less dirty, with this Pôle Emploi on the frontispiece of which an unemployed person wrote in a bombshell “Give me work”? At the Dernier Cri, in any case, there is no shortage of them, the team being hard at work for the opening of the ninth edition of the Marseille fanzine and micropublishing fair, Vendetta, which will take place from 10 and February 12. A festival created in 2013, on the sidelines this year when Marseille was ephemeral European Capital of Culture. And who, Covid obliges, had to take a break in 2022. So, for his return, Pakito Bolino, founder of the Dernier Cri and of the show, is working hard. Without hiding a certain nervousness. It must be said that the climate is far from serene, as evidenced by the controversy that surrounded the exhibition of Bastien Vivès in Angoulême, then its cancellation. In the World, about forty cultural actors have denounced a society on the “edge of obscurantism”.

After the Covid break, the Marseille salon of the Vendetta fanzine is back. And the nick of the censors with a tribute to the pillar of the Canadian underground, Henriette Valium (on the cover of this issue)

Ventilo no: 476 (2023)

Après s’être retourné le cerveau et les pupilles à la Friche, direction donc Data et l’Embobineuse pour mettre ses tympans à rude épreuve.

De quoi rappeler à certains quelques mauvais souvenirs. Alors, pour faire la nique aux censeurs de tout poil, Vendetta va rendre hommage à Henriette Valium, un pilier de l’underground canadien. Qui, nous explique Pakito, « est peut-être celui qui a contribué à ce que le Dernier Cri existe. Alors que j’y faisais les beaux-arts, quand il est venu à Angoulême dans les années 80, je l’ai hébergé. Puis, quand je vivais à Paris, j’ai eu l’occasion d’aller le voir au Canada. Et en voyant son travail, ce qu’il avait réussi à faire, je me suis dit que, moi aussi, je devais monter mon propre atelier de sérigraphie. »

Voilà pourquoi, au quatrième étage de la Friche de la Belle de Mai où, bientôt, pas loin d’une petite centaine d’exposant s’installeront à la faveur d’une pénombre aussi tortueuse que leur production, ça ne chôme pas. Pour reproduire, à l’entrée, la couverture d’une de ses œuvres, Cœur de maman. Ou reconstituer, quasi à l’identique, son atelier ! « À la fi n de sa vie, Valium vivait dans un garage qu’il a lui-même aménagé en glanant ici et là des morceaux de palettes, des bouts de bois. Sa cabane au Canada… »

Le Salon Vendetta & le festival Vendetta ta-ta-ta / Photo by Marc Tessier, 2023

Henriette Valium 2015

“At the end of his life, Valium lived in a garage that he built himself by gleaning here and there pieces of pallets, bits of wood. His cabin in Canada…”

Le Salon Vendetta & le festival Vendetta ta-ta-ta / Photo by Marc Tessier, 2023
Henriette Valium & Pakito Bolino, In the memory of good old days – Le Salon Vendetta & le festival Vendetta ta-ta-ta / Photo by Marc Tessier, 2023

“Is perhaps the one who helped make the Le Dernier Cri exist. While I was studying fine arts there, when he came to Angoulême in the 80s, I hosted him. Then, when I was living in Paris, I had the opportunity to go see him in Canada. And seeing his work, what he had managed to do, I said to myself that I, too, should set up my own screen printing workshop.”

Something to bring back some bad memories. So, to poke fun at censors of all stripes, Vendetta will pay tribute to Henriette Valium, a pillar of the Canadian underground. Who, Pakito explains to us, “is perhaps the one who helped make the Le Dernier Cri exist. While I was studying fine arts there, when he came to Angoulême in the 80s, I hosted him. Then, when I was living in Paris, I had the opportunity to go see him in Canada. And seeing his work, what he had managed to do, I said to myself that I, too, should set up my own screen printing workshop. »

This is why, on the fourth floor of the Friche de la Belle de Mai where, soon, not far from a hundred or so exhibitors will be settling in favor of a penumbra as tortuous as their production, it is not idle. To reproduce, at the entrance, the cover of one of his works, Coeur de Maman. Or reconstruct, almost identically, his workshop! “At the end of his life, Valium lived in a garage that he built himself by gleaning here and there pieces of pallets, bits of wood. His cabin in Canada…”


Henriette Valium, Pakito Bolino & Caro Caron (2019)

Pakito ne cache pas son admiration : « Si c’est la dernière expo du Dernier Cri et la dernière édition de Vendetta, autant fi nir avec un vrai punk ! C’était aussi presqu’un moine, capable de passer des mois sur une planche, des années sur un album. Mais, s’il a été édité en France au Dernier Cri à ou à l’Association, il n’a pas bénéfi cié d’une grosse diff usion au Canada. Comme on dit, nul n’est prophète en son pays. À part peut-être Ben Laden ! »

Et d’espérer que l’expo puisse tourner tandis qu’il fait le tour du chantier. « Ici, on pourra voir ses vidéos. Et là, il y aura la possibilité d’écouter sa musique. Il avait un groupe de punk, Valium et les dépressifs, et on a fait aussi des trucs ensemble, un peu plus indus. Il a commencé la sérigraphie en faisant des affi ches pour des groupes et pour une salle mythique à Montréal, les Foufounes électriques. »


Pakito does not hide his admiration: “If this is the last exhibition of Le Dernier Cri and the last edition of Vendetta, you might as well end up with a real punk!” He was also almost a monk, able to spend months on a board, years on an album. But, if it was published in France at Dernier Cri or at the Association, it did not benefit from a large distribution in Canada. As they say, no one is a prophet in his country. Except maybe Bin Laden! »

And to hope that the exhibition can rotate while he goes around the construction site. “Here we can see his videos. And there, there will be the possibility of listening to his music. He had a punk band, Valium and the Depressives, and we also did some stuff together, a little more industrial. He started screen printing by making posters for groups and for a mythical venue in Montreal, Les Foufounes Electriques. »


Henriette Valium & Pakito Bolino, In the Name Good Old Days – Le Salon Vendetta & le festival Vendetta ta-ta-ta / 2023
Le Salon Vendetta & le festival Vendetta ta-ta-ta / Photo by Marc Tessier, 2023

De fait, ce salon ne serait pas ce qu’il est sans son prolongement musical, Vendettatata. Après s’être retourné le cerveau et les pupilles à la Friche, direction donc Data et l’Embobineuse pour mettre ses tympans à rude épreuve. Au programme, entre autres, le son poppunk de Péritel, la noise de Tremble, les machines de Tout Est Cassé ou encore la papesse du synthé bruitiste, Jean-Michelle Tarre.

Mais Vendetta, dans une ville qui, contrairement à Poitiers, n’a pas de fanzinothèque ou de lieu à proprement parler dédié à la microédition, c’est avant tout l’occasion unique de rencontrer la crème du fanzinat. Qu’il soit canadien, québécois… Mais aussi, évidement marseillais, comme Même Pas Mal, Corbak Press ou Bizarroïde Édition.

Sébastien Boistel

Salon Vendetta : du 10 au 12/02 à la Friche de la Belle de Mai (4 rue Jobin, 3e). www.lafriche.org

Vendetta ta-ta-ta : les 10 & 11/02 à Data (44 rue des bons enfants, 5e) et à l’Embobineuse (11 boulevard Bouès, 3e). Rens. : www.lembobineuse.biz

Ventilo Magazine no: 476


Desperfecto de Henriette Valium (Detail)

In fact, this show would not be what it is without its musical extension, Vendettatata. After turning your brain and your pupils upside down at the Friche, head to Data et l’Embobineuse to put your eardrums to the test. On the program, among others, the poppunk sound of Scart, the noise of Tremble, the machines of Tout Est Cassé or even the popess of the noise synth, Jean-Michelle Tarre.

But Vendetta, in a city which, unlike Poitiers, has no fanzinotheque or place strictly speaking dedicated to micropublishing, it is above all a unique opportunity to meet the cream of the fanzinage. Whether Canadian, Quebecois… But also, of course, from Marseille, like Even Pas Mal, Corbak Press or Bizarroïde Édition.

Sébastien Boistel

Salon Vendetta : du 10 au 12/02 à la Friche de la Belle de Mai (4 rue Jobin, 3e). www.lafriche.org

Vendetta ta-ta-ta : les 10 & 11/02 à Data (44 rue des bons enfants, 5e) et à l’Embobineuse (11 boulevard Bouès, 3e). Rens. : www.lembobineuse.biz

Ventilo Magazine no: 476


Henriette Valium: (May 4, 1959 – September 3, 2021), known professionally as Henriette Valium, was a Canadian comic book artist and painter based in Montreal, Quebec. n March 2013, some of Valium’s art pieces were shown at Espace Robert Poulin in Montreal. Valium won the Pigskin Peters Award at the 2017 Doug Wright Awards for his Palace of Champions graphic novel (Conundrum, 2016).


Levent Güner’in Ardından

Levent Güner

Bu Dünyadan Bir Levent Güner Geçti

Utku Yurttaş

Rio de Janeiro’da sabahın yedisi. Uyandım, göz ucuyla facebook’ta olan bitene bakarken Yücel Erten’in ”Levent Güner… Işıklar ve alkışlarla…” gönderisini gördüm. İnanmak istemiyor insan. İsim benzerliği heralde diye düşündüm. google’a sordum ve haberin doğru olduğunu görüp evin içinde yüksek sesle bağırıp ağlamaya başladım. Bedenim ilk defa ölüm karşısında böyle bir tepki veriyordu. Bu kadar sevdiğim bir dostumu kaybetmemişim daha evvel. Bilmiyordum nasıl bişey olduğunu. Karım koşup yanıma geldi ne oluyor diye. İnsan ister istemez ölüm haberi duyunca merak ediyor ölen kişinin yaşını. Ölen kişi çocuksa insan daha çok üzülüyor, 97 yaşındaysa, e iyi yaşamış, allah rahmet eylesin deniyor. Karımda herkesin merak ettiği gibi doğal olarak kaç yaşındaydı diye sordu. Zor soru. Herkesin içinde olan çocuğu Levent tamamen özgür bırakmıştı. Heybetli cüssesinin aksine Levent’in ruhu ve kalbi çocuk gibiydi. Yaşı yoktu.

2004 yılı, Yıldız Teknik Üniversitesi’ndeki son senemdi. Beşiktaş kampüsünde arkadaşlarla otururken heyecanlı bir şekilde geldi davulcu Özgür Devrim Akçay. Nam-ı değer ”Kopuk Özgür”

Levent Güner, Brüksel, 2009

”Moruk, süper bir abiyle tanıştım. Tiyatrocu. Devlet Tiyatrolarında Zafer Algöz’ün yönetmenliğini yaptığı bir çocuk oyununa müzik grubu aranıyor. Bu abi de benden müzik ekibi oluşturmamı istedi. Piyano çalmak ister misin? ” dedi. Benim hoşuma gitti teklif. Hem Zafer Algöz hem Devlet Tiyatroları ortamı. Peki dedim çalalım. Tanışmak için o zamanki Akm’nin en üst katındaki Borsa lokantasına gittik. Oturan abi bizi görünce ayağa kalktı, aslan gibi yakışıklı, inanılmaz nazik bir jön ”Merhaba Utku benim ismim Levent, çok sevindim geldiğine” dedi. Bu sırada sağımdan solumdan çok acayip kostümlü insanlar koşuşturuyor, sonra hoop altı yedi tane kuğu gibi bir birinden güzel balerinler geçiyor, Nur Subaşı (sonradan öğreniyorum kim olduğunu) Levent’in yanına gelip bir espri patlatıyor. Arkamda oturan bas biraz sonra temsilde söyleyeceği partisini gürlüyor. Allah diyorum, nereye düştüm ya rabbi. Cennetteyim heralde.

Levent başlıyor anlatmaya. Ne çalacağız, nasıl bir oyun olacak. Benim içim içime sığmıyor. Bir hafta sonra, şu ana kadar en çok gülüp eğlendiğim projelerimden bir olacak oyunun provalarına Tülin Özen, Yasemin Balık, Emin Olcay, Gökçer Genç, Zafer Algöz ve Levent Güner ile başladık.

Biz yirmili yaşların başındayız. Enerjiler patlıyor. Bu vur patlasın çal oynasın şenliğindeki ortamda Levent bizi dizginlemeye çalışıyor. “Oğlum yapmayın etmeyin, free jazz çalmayın bu adamların kafası karışır, tiyatrocular müzik konusunda biraz yeteneksizdir, yardımcı olun. Özgür birleri ver, Utku sende biraz normal akorlar çal.”

Levent abinin şahane mentorluğu sayesinde bir kaç hafta sonra süper bir latin orkestrasına dönüştük. Hepimizin Levent’e acayip kanı kaynadı, ve uzun yıllar sürecek olan dostluğumuz başladı.

Amsterdam’da sarhoş olup sokaklarda kaybolduk, gülme krizlerine girip yerlerde yuvarlandık, Fethiye’de tekneyle gün batımında uzaklara gidip yunuslarla yüzdük, bir gün oyuncu Şenay Gürler’le beraber teknenin motoru bozulunca denizin ortasında kocaman bir motor yata otostop çektik, Berlin’de ve Köln’de defalarca şahane tiyatro temsillerine gittik, Wuppertal’de Pina Bausch kumpanyasından Cafe Müller izlerken Henry Purcell’ın ”O Let Me Weep” aryası başlayınca ağladık. Biz gösteriyi izlerken Wim Wenders Pina filmi için sahneye set kurmuştu, Wenders sahneye çıkıp “verdiğimiz rahatsızlıktan ötürü özür, beş ay sonraki filmin Lichtburg’taki (Almanya’nın en havalı sinemalarından biri) galasına hepiniz davetlisiniz” deyince Levent çok sevindi fakat sonra hay allah o ay buraya tekrar gelemem provam var deyip üzüldü. Levent büyük bir Pina hayranıydı. Gösteriden sonra Pina’nın efsane dansçılarından Dominique Mercy ile tanıştırdım, acayip hoşuna gitti. Sonrasında Pina’nın bir kaç dansçısıyla beraber Cafe Ada’ya şarap içmeye gittik. 2004’te Akm’deki ilk günümde yaşadığım ”ne şahane ortam” duygusunu bu sefer ben ona yaşatıyordum.

Levent Güner ve Utku Yurttaş

Bu hayatta tanıştığım en nazik, cömert, neşeli, insanı enerjisiyle yukarlara çıkaran, iyi kalpli, şahane sanat sepet muhabbetleri yapabildiğim insanlardan biriydi Levent.

Müthiş oyunculuğunun yanı sıra, müzik konusunda çok kabiliyetliydi. Perküsyon çalardı, hatta şarkıcı Alpay’la bir kaç konser vermişliği vardır. Sanırım Amerika’da bile çaldılar beraber. Gitar çalıp şarkı söylerdi, alto saksafon çalardı, ahşap masa sandalye yapardı, yelkenden anlardı, çok iyi bir fotoğrafçıydı. Benim uzun yıllar sosyal medyada ve konser afişlerimde kullandığım fotoğrafların mimarıdır.

Çevresindeki herkese çok iyilik yapmıştır. Levent iyilik yapmaya odaklanmıştı. Bana maddi manevi çok iyiliği dokunmuştur.

Harbiye’deki evi kültür sanat tekkesiydi. O zamanlar youtube, spotify falan yoktu, hepimiz orda toplanıp son çıkan caz, latin cd’lerini dinleyip, tiyatro, heykel, edebiyat üzerine konuşup aydınlanırdık. Bu muhabbetlerimize en şahane sofralar, mezeler eşlik ederdi. Levent sofra kurmayı çok severdi. Meyhanelerde en baba sofraları kurdurup kimseye asla hesap ödetmezdi.

Son yıllarda pek arayıp sormadım, vefasızlık ettim Levent’e. Geçen eylül ayında arayıp ”abi kusuruma bakma, sana çok vefasızlık ettim, seni çok seviyorum ve epeyi özledim” deyince telefonda ağlamaklı oldu ”ah be Utku, sen benim oğluşumsun, canım benim” deyip ısrarla Çeşme’deki evine davet etti. Maalesef gitmeyi başaramadık. Geçen ay Amazon’daki arsamızda yaptığımız kızılderili evinin fotoğraflarını yollayınca, bana son mesajı “oh be çatıya bak, yüreğim ferahladı” oldu.

Önümüzdeki hafta Kolombiya’daki üç konserim de Levent’i anma konserleri olacak. Onun sevdiği ve bestelediği bir kaç parçayı çalacağım.

Levent Güner

Beraber çalıştığımız tiyatro oyunundaki replikle veda edeyim sana canım arkadaşım.

”Güle güle Aleko. Ne garip, şimdi yalnızım…”

6 Şubat 2023, Rio De Janerio


Kuzgun Acar’a İşaret Etmek İçin 16 Neden

Kuzgun Acar (portre)

Kuzgun Acar’a işaret etmek gerekir çünkü o(nun)…

  1. Yaptığı her yontuda bir çığlık vardır.
  2. İnsanın zapt edilemeyeceğine, durdurulamayacağına, duramayacağına inanmıştır ve hareketin heykelini yapmıştır.
  3. “Yanlış”ı bulmanın “doğru”yu bulmak yolundaki en büyük adım olduğunu düşünür.
  4. Çivileri sever, eserlerine irkilmeden yaklaşamazsınız.
  5. Malzemesini hurdacıdan toplar, kaynakçı gözlüğüyle çalışır.
  6. İnsanın ancak kendi vicdanı kadar insan olabileceğini bilir.
  7. Devinim ve eylem adamıdır. Sadece kendi yaratıcılığından beslenmiştir. Her şeye karşı bir başkaldırır.
  8. Eserlerinde “hacim” olgusunu iplemez, tel elekten heykeller yapar.
  9. Mimiklerini kullanmakta zorluk çeken amatörlerden, öğrencilerden ve işçilerden oluşan sivil bir “Sokak Tiyatrosu” için özel masklar yapmıştır.
  10. Hayatının son günlerinde Marmara Adası’na “Balıkçılarla birlikte ağ çeken bir Atatürk heykeli” yapmayı düşünmüştür.
  11. Babasıyla birlikte Boğaz’da balığa çıkar. “Ördek” ve “Hanım İğnesi” isminde iki teknesi olmuştur.
  12. Hem “Afrikalı bir büyücü”, hem “İstanbullu bir beyefendi” hem de “19. yüzyıldan kalma bir nihilist” olarak yaşamıştır.
  13. Gerektiğinde, otomobillerin altını yıkamış, mensucat ustabaşılığı, bar fedailiği ve meyhanecilik yapmıştır.
  14. Akademi’de -bir ağaç dalını kırdığı için- Zeki Faik tarafından fişlenmiştir. Asıl neden, komünist olmasıdır.
  15. Eylül 1972’de gözaltına alınmıştır. Kendisiyle beraber gözaltında bulunan diğer insanlara çokça yardım etmiştir.
  16. 1967 yılında Türkiye’nin ilk gökdeleni olan Emek İşhanı’nın (Ankara-Kızılay) cephesine 13 metre boyunda bir “Türkiye” rölyefi yapmıştır. Dönemin en büyük rölyefi olan bu çalışma gazetelerde “Soyut Sanat Değer Buldu!” manşetiyle tanıtılmıştır. Ölümünün “hemen” ardından 1976 yılında yerinden sökülen “Türkiye” rölyefi Emekli Sandığı’nın deposuna kaldırılmış, 1990’da ise parçalanıp hurdacılara satılmıştır ve kaybedilmiştir. Bu ihmal, sanat çevrelerinde “öfke”yle karşılanmıştır.

Araştıran ve Derleyen: ZaferYalçınpınar

Şubat 2009, kargamecmua


EVV3L kapsamındaki Kuzgun Acar araştırmaları şurada:

evvel.org/ilgi/kuzgun-acar


Hidden History of the 21st Century: TIMELESS EDITION

Timeless Edition: Seal and Signature, 2022

A l’aube du millénaire, à l’aube de ce siècle maudit où la cybernétique, les technologies de l’information et de l’intelligence artificielle ont envahi nos vies et sous couvert de positivisme toutes les valeurs humaines ont été arrogantes, et brutalement élaguées ; sans parler de la défense de l’héritage de la tradition moderniste, dans les bas-fonds de cette vie dite moderne où les jeunes se transforment en poubelles d’internet avec l’intention d’être une star du rock and roll, qu’avons-nous vraiment immanent à la culture écrite ?

“Dans la société postmoderne, où le social se dissout dans le quotidien, la critique de la vie quotidienne inclut inévitablement la critique des structures socio-politiques. Il est important dans ce contexte que le processus objectif, les zones de subjectivité que l’autorité normalisatrice de la consommation n’a pas encore dominées, communiquent sur la base d’une éthique anticapitaliste. Réduire la part de l’objectif, de l’argent, de l’échange et de la consommation dans la vie quotidienne sont des conditions nécessaires à l’émergence d’une subjectivité anti-autoritaire. Une libre anarchie d’émotions, de rencontres, d’intuitions, d’intensités libérées de l’objectivité. Décrypter, évacuer, satiriser et scandaliser les signes du quotidien, qui trouve finalement son expression dans la consommation. Perturbation et perturbation des relations de consommation avec les jeux et la contre-simulation. Mêlant dysfonction, défaitisme et inadéquation avec un enthousiasme anarchique et une créativité face à un quotidien conformiste où tout tient. Exposition critique de tous les pans de la vie quotidienne par des effets aliénants. À la différence de la fugacité des signes et de l’échange, la fugacité des intensités anti-autoritaires se rencontrant sur la base de l’entraide et de la solidarité, qui ne permet pas l’institutionnalisation du consommateur. Ce n’est pas une éphémère qui se vit et s’oublie, mais une éphémère qui porte l’espoir et la possibilité de se retrouver dans un autre espace autonome à l’avenir. Une anarchie qui ne se limite pas à la décentralisation et vise à éliminer toutes sortes de relations de pouvoir, de contrôle, de gestion, d’autorité et de hiérarchie dans la vie quotidienne.” -Sociologue Yaşar Çabuklu

En plus de toute cette médiocrité, on assiste à la germination de nombreuses idées innovantes et mouvements artistiques qui ont pu exister en créant leurs propres espaces indépendants, notamment sur le continent-europe et diverses parties du monde depuis les années 1980. Dans ce contexte, nous ne pouvons nous empêcher de mentionner TIMELESS Edition, qui a contribué à nous faire découvrir ces talents extraordinaires, notamment avec ses trésors culturels écrits uniques.


Genesis Breyer P-Orridge (R.I.P) with her book TRANART (2015)

Yoksa Dadaesk başkaldırı, Sürrealist Devrim ve Sitüasyonist Enternasyonal’in özgürlük düşünü çoktan rafa kaldırıp, kaderimizi sosyal medya algoritmalarına mı bıraktık?!

Bin yılın şafağında, sibernetik, bilişim ve yapay zeka teknolojilerinin hayatımızı istila ettiği, ilerlemecilik (positivism) kisvesiyle insani tüm değerlerin acımasız, küstah ve zorbaca budandığı bu lanetli yüzyılın şafağında, modernist geleneğin mirasına sahip çıkmak şöyle dursun gençlerin bağlantı hızıyla -rock’n roll yıldızı niyetine- birer internet çöpüne dönüştürüldüğü bu sözde modern gündelik hayatın sığlığında, gerçek anlamda yazılı kültüre içkin elimizde ne var?!

“Toplumsal olanın gündelik olan içinde eridiği postmodern top­lumda gündelik hayatın eleştirisi, ister istemez toplumsal-politik yapıların eleştirisini de içerir. Nesnel sürecin, tüketimin standartlaştırıcı otoritesinin henüz hâkimiyet kuramadığı öznellik alanları­nın, anti-kapitalist bir etik temelinde iletişime girmesi bu bağlamda önem kazanır. Gündeliğin içindeki nesnel olanın, paranın, mübade­lenin, tüketimin payının azaltılması anti-otoriter bir öznelliğin olu­şabilmesi için gerekli koşullardır. Nesnellikten kurtulmuş duygula­rın, rastlaşmaların, sezgilerin, yoğunlukların özgür anarşisi. Her şe­yin önünde sonunda ifadesini tüketimde bulduğu gündelik hayata ilişkin göstergelerin deşifre edilmesi, anlamlarının boşaltılması, hicvedilmesi, skandalize edilmesi. Tüketim ilişkilerinin oyunla, kar­şı simülasyonla bozulması, aksatılması. Her şeyin uyduğu konformist bir gündelik hayata karşı işlevsizliğin, bozgunculuğun, uygun­suzluğun anarşizan bir coşku ve yaratıcılıkla birleştirilmesi. Gün­delik hayatın tüm parçalarının yadırgatıcı, yabancılaştırıcı efektler aracılığıyla eleştirel teşhiri. Göstergelerin ve değiş tokuşun geçici­liğinden farklı olarak anti-otoriter yoğunlukların tüketimsel kurum­sallaşmaya imkân tanımayan, karşılıklı yardım ve dayanışma teme­linde buluşmalarının geçiciliği. Yaşanıp unutulan bir geçicilik de­ğil, ileride başka bir otonom alanda buluşma umudunu ve imkânını içinde taşıyan bir geçicilik. Kendini desantralizasyonla sınırlama­yan, gündelik hayattaki her türlü iktidar, denetim, yönetim, otorite ve hiyerarşi ilişkisinin ortadan kaldırılmasını amaçlayan bir anarşi.” -Yaşar Çabuklu

Özellikle 1980’lerden bu yana kıta-avrupasında ve dünyanın çeşitli bölgelerinde kendi bağımsız alanlarını yaratarak varolabilmiş, ve halen de varoluş mücadelesi veren bir çok yenilikçi düşünce, alternatif-kültür ve sanat hareketinin filizlendiğini görüyoruz. Bu bağlamda ortaya koyduğu nitelikli eserlerle bizleri bu sıradışı yeteneklerle tanıştıran TIMELESS Edition’a değinmeden edemezdik.


I can’t believe they can’t talk to each other directly… by Shintaro Kago

Or have we already shelved the dream of freedom of the Dadaesque rebellion, the Surrealist Revolution and the Situationist International and left our fate to social media algorithms?!

At the dawn of the millennium, at the dawn of this cursed century when cybernetics, information and artificial intelligence technologies invaded our lives and in the guise of positivism all human values ​​were arrogantly and brutally pruned; let alone defending the legacy of the modernist tradition, In the shallows of this so-called modern life where young people are turning themselves into internet trash -with the intention of being a rock’n roll star-, what do we have truly immanent to written culture?

“In the postmodern society, where the social dissolves into the everyday, the critique of everyday life inevitably includes the critique of socio-political structures. It is important in this context that the objective process, the subjectivity areas that the standardizing authority of consumption has not yet dominated, communicate on the basis of an anti-capitalist ethic. Reducing the share of the objective, money, exchange and consumption in everyday life are necessary conditions for an anti-authoritarian subjectivity to emerge. A free anarchy of emotions, encounters, intuitions, intensities freed from objectivity. Deciphering, evacuating, satirizing, and scandalizing the signs of everyday life, which ultimately finds its expression in consumption. Disruption and disruption of consumption relations with games and counter-simulation. Combining dysfunction, defeatism and inappropriateness with anarchic enthusiasm and creativity against a conformist everyday life where everything fits. Critical exposure of all parts of everyday life through alienating effects. Unlike the transience of signs and exchange, the transience of anti-authoritarian intensities meeting on the basis of mutual aid and solidarity, which does not allow for consumer institutionalization. It is not a transience that is lived and forgotten, but a transience that carries the hope and possibility of meeting in another autonomous area in the future. An anarchy that does not limit itself to decentralization and aims to eliminate all kinds of power, control, management, authority and hierarchy relations in daily life.” -Sociologist Yaşar Çabuklu

In addition to all this mediocrity, we are witnessing the sprout of many innovative ideas and art movements that have been able to exist by creating their own independent spaces, especially in the continent-europe and various parts of the world since the 1980s. In this context, we cannot help but mention TIMELESS Edition, which has been instrumental in introducing us to these extraordinary talents, especially with its unique written cultural treasures.

NAROK group exhibition poster

“Catalogue of the mindblowing and huge exhibition dedicated to the NAROK group exhibition done by Le Dernier Cri in Marseille from Nov 2021 till Feb 2022. This exhibition was initiated by Pakito Bolino after being inspired by ‘NAROK’ photo book by Stephen Bessac and published by Timeless Ed. in 2019.

This book shows the various reinterpretations of Thai hell’s gardens done by a myriad of artists from all over the world. To recreate those hellish visions, they used very different medias such as painting, drawing, screen printing, etching, sculptures, video,… This a state-of-the-art tribute to the mortuary cult and also to Thai popular culture dealing with that subject such as horror mangas.”

NAROK exhibition catalogue, Co-published by Le Dernier Cri and Timeless Editions, 2022
NAROK Exhibition Opening in Marseille, 2021
NAROK exhibition catalogue, Co-published by Le Dernier Cri and Timeless Editions, 2022
NAROK exhibition catalogue, Co-published by Le Dernier Cri and Timeless Editions, 2022
NAROK

BUY BOOKS AND PRINTS !!!

NAROK Exhibition Catalogue

Le Dernier Cri & Timeless Editions

2022 – France


Antoine Bernhart ‘JUJU JINX’, Timeless Editions 2022

Antoine Bernhart’s “JUJU JINX”

Nearly 15 years after his Skull Skool series, Antoine Bernhart returns with Johnny Skull and his brand new skeleton army. But wait, there’s more, much more. The cast of Antoine’s intimate theatre of cruelty features a priapic Elvis, disturbing Wild Ones, sleazy folk bands, fiendish cowboys, shibari masters at their best, an extra-lustful Bettie Page, dead and undead famous rock’n’rollers including the ones Antoine worked for (The MeteorsTall BoysThe Cramps,…)

Antoine Bernhart ‘JUJU JINX’, Timeless Editions 2022
Antoine Bernhart ‘JUJU JINX’, Timeless Editions 2022

Antoine Bernhart ‘JUJU JINX’, Timeless Editions 2022

The sick and sexy dark ink from Antoine Bernhart

will inevitably cast a spell on you.

Foreword by Nick Garrard of Psychobilly scene fame

The book is available in a standard and different special editions.

JUJU JINX (standard edition) – Antoine Bernhart


Antoine Bernhart ‘PAPIERS HANTÉS’ – Timeless Editions 2022

Antoine Bernhart started to produce automatic drawings in the mid 60s and they were published along with Christian Bernard’s writings in 1968 as a book called ‘H‘.

This book drew the attention of PHASES which was an international art group created by Edouard Jaguer gathering writers influenced by Lautréamont, some Surrealist artists and some from the Lyrical Abstraction movement.

Antoine became a member of this artistic group as soon as his automatic drawings were published in the PHASES magazine (which included collaborators such as Wifredo Lam and Pierre Soulages).

PAPIER HANTÉS is a book compiling recent and older examples of Antoine’s automatic drawings which were exhibited at the MAMCO (Museum of Modern Art of Geneva) as well at Les Abattoirs (Museum of Modern art of Toulouse).

‘PAPIERS HANTÉS’ – Timeless Editions 2022

This extract from the Christian Bernard foreword give us a very good glimpse of the book’s content :

When Bernhart puts his pen to Bristol board, the lines it will draw are not present in the artist’s mind; they are not lucidly projected. A nascent curve suggests an organic shape which slowly becomes clearer and merges into others which carry it or drown it under their adjacent movements. In other words, the artist welcomes the shapes that appear in the wake of his pen and accompanies them in their maturation and proliferation.”

PAPIERS HANTÉS (standard edition) – Antoine Bernhart


Timeless Editions

FOR BOOKS AND FAR WORSE

RESISTANCE Since 1997


Istanbul Underground: Rizom ve Anarşi (Ocak 2023) Maltepe Squad Special

Maltepe Squad’ın tehlikeli simaları, o akşam üzeri şehrin geleceğine ilişkin önemli kararlar almak için biraraya gelmişlerdi

RİZOM VE ANARŞİ

Özgürlükçü Düşüncenin Peşinde

Yaşar Çabuklu

OTORİTEYLE İLİŞKİLİ her şey yıkılmalı; ilk başta merkez. Çünkü merkezin dili hâkim olanın dilidir, egemenin dilidir, anadildir. Çeşitli diyalektler, altdiller, argolar, azınlık dilleridir baskı altında olan; melez olan baskı altındadır. Anavatan, anayurt, anayasa iktidarın kavramlarıdır. Her şeyin indirgenebileceği, üzerinde temellendirilebileceği tek bir merkez yok. Tek bir kaynaktan çıkarak ayrışıp oluşan bir çokluk yok. Soyağacı, ortak köken, saf nesil arayışı otoriterdir. Karma olan, karışık olan, melez olandır dışlanmışların, azınlıkların alanı; köksüz, kökensiz, kaynaksız olandır.

Merkezi iktidar gibi, merkeze sahip olan muhalefet de otoriterdir. Evrensel bir hakikat, bir doğru yok; doğanın, tarihin yasaları yok, tarihin motoru yok. Çıkarının tüm toplumun çıkarıyla özdeş olduğu düşünülen proletarya fikri otoriterdir. Tarihin ereği yok, ereğe yönelik sınıf mücadelesi olarak kavranılan tarih fikri otoriterdir. Evrimci ve ilerlemeci bir çerçeve içinde tahayyül edilen tarihsel kulvarlar ve mecralar otoriterdir. Yapılar, pozisyonlar, noktalar yok, bunlar arasında kesin ayrımlar ve mesafeler yok, sadece bağlantılar, etkileşimler, geçişler, akışlar var. Belirli boyutlar yok, bağlantılara göre değişen, çoğalıp azalan boyutlar var.

Her türlü merkez dağılıp parçalanmalı. Merkezin ve hiyerarşinin olduğu yerde otorite de vardır. Merkezsiz, uçucu, hareket halinde oluşumlar ve bunların her an biçim değiştiren bir ağ görünümü sergileyen etkileşimi. Hiçbir sabitlenmeye izin vermeyen, formüle edilemeyen bir ağ oluşumu. Rizom ne midir? Kaos ve anarşidir.

Rizomun öznesi yok, nesnesi yok. Dikey, piramitsel bir yapının tersine yatay bir yayılmayı, açılımı temsil ediyor rizom. Ancak sımsıkı kenetlenmiş bir ağ değil söz konusu olan; kopmalar, kaçışlar, bir yerde sona erip başka bir yerde farklı bir biçimde ortaya çıkabilen yoğunluklar, çoklu girişler var.

Rizom tek’e karşı olduğu gibi ikili karşıtlıklara, düalitelere de karşı. İyi-kötü, iç-dış, öz-biçim, gerçeklik-görünüş, vb. ikiliklerin uzağındadır rizom. Çünkü dış iç, iç de dıştır. Kendini karşıtına, ötekine göre tanımlayan her şey otoriterdir, kendine saf ve korunaklı bir alan oluşturarak merkez olmaya yönelir. Rizom her an metamorfoza uğrayan, biri diğerine göre bir hiyerarşi ilişkisi içinde bulunmayan “tek olmayanlar”ın oluşturduğu akışkan bir çokluktur.

Rizom iç ve dış merkezin patlatılmasıdır. Öte yandan rizom egemen otoritenin “öteki”yi bir hiyerarşi ilişkisi içinde kendine tabi kılmasına karşıdır. Bu bağlamda rizom, eril merkezin kendinden kaynaklanan, kendinden dışarı çıkarak dişil alanda yine kendini arayan, bu alanda sömürgeleştirdiğini geri taşıyıp kendisine katarak güçlenen arzusunu yıkar. Rizom kadın-erkek karşıtlığını siler, “ara” cinsel kimliklerin oluşmasına, arzunun üreme ve ahlaktan kopmasına imkân verir. Eril öznenin kadın bedenini nesneleştiren, araçsallaştıran, parçalara ayıran tek katlı arzusunun yerine kadının çok katlı arzusunu öne çıkarır. Birbirlerinin her an değişen mecralarında kaybolan, kendine geri dönmek istemeyen, kendi merkezinin varlığını unutan arzulara, arzu akışlarına olanak sağlar.

Rizoma katılan birey, bir ünite, bir merkez olma niteliğini kaybeder. Dış dünyanın bütünlükleri gibi iç dünyanın bütünlükleri de özgürlüğü sınırlar. Rizom içinde birey, kendi iç dünyası üzerinde kurduğu baskıları ortadan kaldırmaya itilir. Dış dünyanın baskıları iç dünyanın baskılarıdır da. Bunun tersi de söylenebilir: Dış dünyanın azınlıkları bir anlamda içsel dünyanın da azınlıklarıdır. Bu bağlamda rizom içindeki bireyin özerkliği “yaralı” bir özerkliktir ve bu tür bireylerin oluşturduğu otonomlar da otoritenin tahrip ettiği bir dünyanın izlerini taşırlar. Otonomun kendini tabi kılmak zorunda kaldığı tek ereksellik otoritenin ortadan kaldırılmasıdır, bu da kendi kendini de ortadan kaldıran ya da kendi kendini affettiren bir erekselliktir. Bu nedenle otonomlar bir yapı oluşturmazlar, ortaya çıkar ve daha sonra başka biçimler altında yeniden belirmek üzere kaybolurlar. Otonomlar minör, göçebe oluşumlardır ve bu özellikleriyle rizomatik bir görüntü sergilerler. Sadece kendi dışlarındaki merkezlere karşı çıkmakla kalmazlar, kendileri merkezleşme eğilimine girdiklerinde bu kez kendilerini ortadan kaldırırlar. Otonomlarda hiyerarşi yoktur, seçim yoktur, yönetim yoktur, otoriteyle bağlantılı olabilecek hiçbir güç kullanımı yoktur. Toplumsal rizom ağının kopuşlarla malul hareketi içinde otonomlar her türlü programatik araçsallığı reddederler.

Rizom kaotik hareketi nedeniyle anarşik bir görünüm arz eder. Rizomun kalıcı bir yapısı ve formu yoktur, merkezkaç, merkezdışı, sınırdaki hareketliliklerle beslenir. Rizoma tek bir giriş yoktur, farklı boyutlarda çok sayıda giriş vardır ve her bir giriş hareketi rizomu yeni baştan kurar. Rizomdaki kaçış çizgilerinin çokluğu ise onu sürekli olarak bozar. Bu nedenle rizom iktidar ilişkilerinden sıyrılmanın sonsuz biçimler altında tekrarlandığı bir oluşumdur ve bu bağlamda negatif, olumsuzlayıcı bir olgu olarak görünür. Ama dışın iç olduğu, otoriteden arınmış saf ilişkilerin mümkün olmadığı bir dünyada rizom, dışlayıcı ve lekesiz bir oluşum olarak var olamaz.

Bu nedenle otoriteyle olan çatışmasında rizomun olumlayıcı boyutlar ve akışlar üretmesi gerekir. Rizom otorite ile otorite karşıtı eğilimler arasındaki çatışmanın sürmekte olduğu bir alan olmanın yanı sıra, alternatif ilişkilerin denendiği pozitif bir alandır da. Karşılıklılık, gönüllülük, özerklik ve yardımlaşma temelinde oluşan rizomsal ağ sıkı ilmikli, yırtık yeri bulunmayan, ezilenleri denetim altında tutmaya yarayan iktidar ağından farklı olarak gevşek, kopuşlar ve yeniden eklemlenmelerle sürekli biçim değiştiren bir ağdır. Anti-otoriter ilişkilerin kendilerini her an yeniden üretemediği yerlerde ağda yırtılmalar olur ve kaçış çizgileri oluşur. Bu nedenle rizomda mutlak ereklere yönelik, kalıcı, kendi varlık alanını koruyucu angajmanlar yoktur. Rizomsal ağın genişlemesi, ancak merkezi ve hiyerarşik eğilimlerin yok edilmesiyle mümkün olur.

Son olarak, rizomun postmodem otoriterliğin temeli olan ağsal iktidar yapılanmasıyla bir ilişkisi yoktur. Anti-merkezci, anti-otoriter eğilimlerin oluşturduğu rizomsal ağ, iktidarı merkezsizleşmeye zorlar. Devlet merkezli modern iktidardan, otoritenin ilaveten toplum içindeki çok sayıda kurumla paylaşıldığı bir tür ademi merkeziyetçi postmodem iktidara geçiş, yeni toplumsal direnişlerin tüketimin ağsal yapısıyla kuşatılması süreci içinde oluşmuştur. Postmodem toplumun tüketimsel-kurumsal ağı, hiyerarşi ve otorite ilişkilerini ortadan kaldırmaz; ancak, mikro merkezlerden kurulu, otoritenin yer yer esnek yapılanmalarla gizlendiği, merkezler arasındaki kulvarların güvenlik altına alındığı bir sistem oluşturur. Sadece yollara ve hipermarketlere bir göz atmak bile hıza ve tüketime ait “özgürlüğün” yüksek derecede bir denetimeve güvenliğe ihtiyaç duyduğunu gösterir. Bu nedenle postmodern toplumun merkezden vazgeçip yataylaştığını iddia etmek bir abartmadır. Söz konusu olan merkezi devletin yanı sıra toplum içinde çok sayıda iktidar merkezinin oluşması ve otorite ilişkilerinin, yeni tüketim ilişkilerini zorlaştırdığı görülen eski toplumun gereksiz sertliklerinden arındırılmasıdır. Postmodem tüketim ve otorite ağı her biri dikey olarak örgütlenmiş merkezler arasındaki, trafiğin hızla ve kesintisiz olarak ilerlediği bir düzenli yollar ağıdır. Rizomsal ağ ise postmodem hızı bloke eden tıkanmalardan, ayak izleriyle oluşturulan patikalardan beslenir. Postmodern çoğulculuk, çokkültürlülük, çokrenklilik otoritenin yaygın tüketimsel katılım çerçevesinde yeniden oluşturulmasına hizmet eder. Rizom ise tüketimin ve güvenliğin yeni kodlarının denetimi altına girmek istemeyen göçebe hareketlerden oluşur. Otonom oluşumların yersiz yurtsuzluğu buradan gelir. Rizom, postmodern toplumda anarşizmin aldığı yeni direniş biçimidir.

Kaynak: Özgürlükçü Düşüncenin Peşinde, Yaşar Çabuklu – Metis Yayınları, 2002


Karizmatik lider Kerem Nizam, 2022 Maltepe
Mert Dalkabakoğlu a.k.a Ary, her zamanki gibi sodasını yudumluyordu
Maltepe Skate Park, 2022
Kerem Nizam x Emre Töre^Tepe Çocukları, Maltepe Skate Park 2022
Kerem Nizam x Emre Töre^Tepe Çocukları, Maltepe Skate Park 2022
Kaykaycı kızlar dinleniyorlar… Maltepe Skate Park 2022
Emre Töre ve o her zamanki eşsiz dengesi, Maltepe Skate Park 2022
Kerem Nizam, Maltepe Skate Park 2022
Kerem Nizam on action, Maltepe Skate Park 2022
Emre Yiğit ise tüm bu olanlara sinsice gülümsüyordu

“Burası değilse neresi?

Şimdi değilse ne zaman?”

HAKİM BEY’İN T.A.Z’I

Ahmet Arslan / Biamag

Hakim Bey‘i “T.A.Z” kitabıyla birlikte 2011’de tanıdım. Yine aynı dönemlerde okuduğum Zapatistalar ve eylem içerisinden özgürlüğe çağrıda bulunan birçok ülkeden birçok harekete kıyasla “T.A.Z” diğerlerinden farklı bir oluşumdu. Sonraları oluşumdan öte oluşumların içinden çıkan bir yaratım, bir yaşam hali olduğunu anlayabildim.

“T.A.Z”ın çevirmeni İnan Mayıs Aru‘yu da bu kitap ve Şeyh Bedreddin’in mezarı başındaki vicdani ret metniyle tanıdım. 2015 yılında vicdani reddimi gazeteciliğin içerisinde medyanın militarist ve eril tahakkümüne karşı deklare ettiğimde İnan ve birçok arkadaşımın ret metinleri benim için daha da anlamlı oldu. Çünkü bildim ki ret metinlerimiz aslında içinden çıktığımız ya da çıkmaya çalıştığımız tüm dayatımların reddiydi.

Hakim Bey’i 22 Mayıs 2022’deki ölümünün ardından İnan ile konuşmak, hem T.A.Z’ın hem de içinden çıkmaya çalıştığımız birçok normların, öğretilerin bir sesi oldu. Çıkışlar aradığımız yerlerde kendi yollarımızı, ağlarımızı kurmanın yeni bir ilhamı oldu. Yine Hakim Bey’in sesiyle “-Sokakları geri almanın vakti geldi-” palavrasını romantize etmek için değil, sokakların zaten bizim olduğunu hatırlamak için…” Hakim Bey’in ardından bu arayış yollarına bir selam oldu.

T.A.Z’ın çevirisi

T.A.Z (Temporary Autonomous Zone) Türkçeye “Geçici Otonom Bölgeler” olarak çevriliyor. Ontolojik-Anarşizm ve Geçici Otonom Bölgelerin nasıl olabileceğini anlatan Peter Lamborn Wilson bilinen adıyla Hakim Bey’i 90’ların başında Rahmi Öğdül çevirmiş, 2000’li yılların başından itibaren de İnan Mayıs Aru çeşitli dergiler ve mail gruplarıyla paylaşmak üzere çevirilerini yapmaya başlamıştı.

İnan, Hakim Bey ile tanışmasını ve T.A.Z’ın çevirisini şu sözlerle anlatıyor:

“T.A.Z’ın ilk Türkçe çevirmeni ben değilim. Benden önce Rahmi Öğdül 90’ların sonunda sadece Geçici Otonom Bölge’yi içine alacak şekilde çevirmişti. Ben de Hakim Bey ile o dönemlerde tanıştım. Bir yandan Rahmi’nin çevirisi çıktığında Post Express dergisi ya da Roll’da yanılmıyorsam Hakim Bey ile ilgili bir de yazı yayınlanmıştı.

“Sonrasında da çok ilgimi çektiği için yoğun bir şekilde araştırmaya koyuldum ve yazdığı hemen hemen her şeyin bana hitap eden şeyler olduğunu görüp 2000’lerin başında ilk Hakim Bey çevirilerini yapmaya başladım.

“Çeşitli küçük makalelerini çeviriyordum. O zamanlar daha çok kendi bloklarımızda hatta daha çok mail ağlarında yaydığımız yayınladığımız şeylerdi bunlar.

“Daha sonra çeşitli dergilerde ve Kadıköy Underground Poetix için çeşitli makalelerini çevirdim. O süreç içerisinde de 6:45 yayınlarının editörü Şenol Erdoğan Hakim Bey’i T.A.Z’ın tam metnini basmak istediğini söyledi. Böylelikle T.A.Z’ın çevirisine soyundum.”

Hakim Bey

Hakim Bey’in 1960’ların başında Beatnik ve farklı hippi hareketlerinin içerisindeki çeşitli isimlerle birlikte ve Amerika’da yeni spiritual arayışlar ve bir yandan sufizm diğer yandan panteizm, taoizm, yoga arayışları içerisinde kurulan Mağribi Ortodoks Kilisesi içerisinde yer aldığını anlatan İnan, senkretist* bir oluşum içerisindeki süreçleri aktardı:

“1960’larda Peter Lamborn Wilson da Nobel Drew Ali diye bilinen 1900’lerin başlarında Amerika’da yaşamış yarımkan Mağribi yarımkan Çerokilere dahil oluyor. Demiryollarında çalışan sirklerde sihirbazlık yapan mistik karakterlerin kurduğu biraz uçuk bir kilise: Amerika Mağribi İlim Mabedi diye biliniyor, Mağribi Ortodoks Kilisesi de bunun uzantısıdır.

“Hakim Bey, yoğun sufizm okumaları yapıyor. Batini öğretisinin Nizari İsmaili yolu da en çok bizde tanınan örneği Hasan Sabbahtır. Nizari İsmaili yolundakiler bir yerde Bektaşi yolu olarak kendilerini adlediyorlar. Buradan yola çıkarak Hakim Bey, uzun bir yolculuğa çıkıyor 60’ların sonunda Türkiye’den de geçerek İran, Pakistan, Afganistan üzerinden Hindistan’a kadar gidiyor.

“Hindistan’da Ganesh Baba ile tanışıyor. Uzun yıllar o coğrafyada geziyor. Endonezya’da, daha sonra 1974’te geri dönüş yolu üzerinde İran’da kalıyor. İran İslam Devrimi gerçekleşmeden önceki dönemde pek çok öncü düşünürün de yerleştiği İran Kraliyet Felsefe Akademisi’nde o dönem Seyyid Hüseyin Nasr, Toshihiko Izutsu gibi önemli isimlerle çalışıyor. Wilson da Columbia Üniversitesi Dilbilim mezunu ve İran Kraliyet Felsefe Akademisi’nde de Dilbilim çalışmalarını sürdürüyor.”

Geçici Otonom Bölge

Ontolojik Anarşizmin aslında en somut örneği yine Hakim Bey’in Geçici Otonom Bölge kuramında öne sürdüğü şey. Hakim Bey aslında baştan beri çeşitli röportajlarında da kendi kitabında da şunu söylüyor:

“Ben aslında yeni bir yol ve yöntem önermiyorum, yalnızca mevcut olanın farkına varmayı öneriyorum. T.A.Z da aslında sürekli olagelen durumdur. Biz T.A.Z’lar yaratmayacağız, T.A.Z’lar zaten geçici otonom bölgeler, zaten hayatın içerisinde sürekli ortaya çıkıyor. Özellikle de otoritenin boşluklarında. Nasılsa kaldırım taşlarının arasında, çatlaklarda otlar filizlenirse aynı şekilde özgürlükçü -daha doğrusu hayat ve canlılık taşıyan- nüveler o katı kalıpların içerisinde kendilerine canlılıklarını sürdürecek alanlar bulurlar ve bizim bu alanların farkında varmamız gerekiyor. Bu alanları daha iyi anlayarak ve daha iyi çalışarak özgürlükçü düşüncenin nasıl gelişebileceğini, nasıl serpilip büyüyebileceğini anlayabiliriz.”

T.A.Z aslında bunun teorisi, bunun için anarşizmin çok eski ve önemli sloganlarından bir tanesi, T.A.Z’ın da klasik sloganlarından birisi haline gelmiş: “Burası değilse neresi? Şimdi değilse ne zaman?”

Tanık olduğumuz en büyük kitlesel T.A.Z’lardan biri Gezi Direnişi

İnan, TAZ ve Gezi Direnişi arasındaki bağı şöyle kuruyor:

“Hakim Bey, özellikle geçiciliğe vurgu yapar. Bunların doğası ve hayatın doğasının geçici olduğunu Taocu Felsefeden esinlenerek söyler ve kalıcı bir şeyler kurma çabasında olan yapıların ya da dönüşüm yapılarının (kelime anlamıyla devrimlerin) bürokrasilerle ve donup kalmayla/kasılıp kalmayla sonuçlanacağını iddia eder.

“O nedenle T.A.Z kuramında ciddi bir şekilde isyan ve devrim karşılaştırması vardır. T.A.Z geçiciliği, sürekliliği önemser. Bu anlamda belki bir T.A.Z olarak hatta bizim son yıllarda yaşadığımız en önemli T.A.Z olarak Gezi Direnişini hatırlamamak olmaz diye düşünüyorum. Bizim kanlı canlı tanık olduğumuz en büyük kitlesel T.A.Z’lardan birisiydi Gezi.”

Hakim Bey’in T.A.Z kitabına İnan Mayıs Aru’nun gayrı resmi yayınevi Nedircikler üzerinden e-kitap olarak ücretsiz erişebilirsiniz.

(AA/AÖ/EMK)

*Senkretizm (Türkçeye Fransızca syncrétisme ‘den o da modern Latince syncretismus ‘dan, o da Yunanca sunkrētismos kelimesinden, o da Yunanca sunkrētizein sözcüğünden gelmiştir. Sıklıkla çeşitli düşünce okullarının uygulamalarını ve yollarını karıştırarak ayrı veya çelişkili inançları birleştirmek veya birleştirmeyi denemektir. (Wikipedia)

Kaynak: Ahmet Arslan / Biamag, 2022


istanbul nightlife project – Murat MRT Seçkin

Can Yavuzçetin, Maltepe Skate Park 2022
Black Cat on air, Maltepe Skate Park 2022
Can Yavuzçetin, Maltepe Skate Park 2022
Black Cat Alisa, Maltepe Skate Park 2022

Mad Stensils ‘The Passage’ İstanbul
Luc Sala with ‘Hakim Bey’ Peter Lamborn Wilson, sufi anarchist, TAZ (Temporary Autonomous Zone) author, in June 2001. Interviews with people from Amsterdam and the world for Kleurnet Television Amsterdam from 1997-2001 (in English).

Kaosun Âlim Dervişi – Hakim Bey

İnan Mayıs Aru / Nedircik Yayınları

“Oluş diye bir şey yok, ne de devrim, mücadele ya da yol; hâlihazırda sen kendi teninin şahısın – çiğnenmesi mümkün olmayan özgürlüğün tamamlanmak için yalnızca diğer şahların sevgisini bekliyor: bir rüya politikası, göğün maviliği kadar ivedi.”

İzbe bir New York fakirhanesinde 130 kiloluk bir dev, saksafonuyla bir ilahinin son nağmelerini öttürür. Masada İmam Gazali’nin Kimya el Saadet’inden açık bir sayfa, tuvaletin karolarında bir serum hortumu ve bir iğne. Amerika Mağribi Ortodoks Kilisesi (Moorish Orthodox Churchof America – MOC) vaizi, canki cazcı Warren Tartaglia (a.k.a. Walid el Taha), New York beat sahnesinin Muhammedî meleklerini salâta çağırır.

Pek çoğunun adını bile asla bilmeyeceğimiz, pop ikonlarına dönüşmemiş, kimi Brooklyn köprüsü altında son vuruşunu çakan, kimiyse kitaplarına gömülmüş okuyan okuyan okuyan ve sonra tüm kitaplarını Nil’e boca edip, hakikatin peşinde yürüyen yürüyen yürüyen dervişler gibi imanlı serserilerden biridir Peter Lamborn Wilson (a.k.a. Hakim Bey). Doğrudur serserilerin ekseriyeti ümmî olur, kitapsızdırlar ve lâkin vecd denizinin sularına ilimle cezb olunanlar da yok değildir.

Mağribi Ortodoks Kilisesi, adının tüm çağrışımlarının aksine aslında ne ortodokstur ne de bir kilise. Kimilerinin bir ahir zaman peygamberi saydığı yarım kan Mağribi ve yarım kan Cherokee, Çingene seyyahların yoldaşı, demiryolu bekçisi, sirk sihirbazı, mistik Nobel Drew Ali’nin 1913’te Yeni Dünya’da Afrikalı Amerikalıların aslen Mağribi ve dolayısıyla Müslüman oldukları iddiasıyla kurduğu Amerika Mağribi İlim Mabedi’nin (Moorish Science Temple of America) bir uzantısı olan MOC, 1964’te Beatnikler ve Mağribi Sufiler tarafından kurulmuştur ve İsmaililik, Çiştiye ve Bektaşilik miraslarını sahiplenerek bunları Tantra ve Tao felsefesiyle bağdaştırır. Wilson, 60’larda vaiz Walid el Taha aracılığıyla Kilise’yle tanışır ve bugün kendisi de Mağribi Ortodoks Kilisesi’nin önemli vaizlerindendir. MOC geleneğine uyarak kendine yeni bir isim seçer, Hakim: ki bu isim mülhit Fatımi-Nizari halifesi Hakim Billah’a dayanır ve bugün yasama sürecinin hükmedicisi anlamına gelen yaygın kullanımının aksine “hüküm veren” değil “hikmet sahibi”, “bilge kişi” manasındadır ve gene MOC geleneğince adının sonuna çeşitli Orta Asya-Türk boylarında kabile lideri manasında kullanılan Bey sıfatını alarak kendi kendinin şahı, kendi varoluşunun ve arzularının biricik hükümdarı olduğunu ilan eder.

“Bizler Nizarî-İsmailî Bâtınileriz; yani manevi silsilemizi Alamut’un yedinci ve son Pir’i, ‘Kaçık’ III. Alâeddin Muhammed üzerinden (ve kesinlikle Ağa hanlar üzerinden değil) Hasan Sabbah’a dayandıran Şii mülhitler ve fanatikleriz. Radikal vahdetçiliği ve saf ahlak kuralları karşıtlığını benimsiyoruz ve tüm yasa ve otorite biçimlerine Kaos adına karşı çıkıyoruz.”

Kolombiya Üniversitesi’nden mezun olan Hakim Bey, 60’ların sonunda Türkiye, İran, Pakistan, Afganistan Hindistan ve Java’yı içine alan uzun bir seyahate çıkar. Batı Bengal’de Ganeş Baba’yla tanışır ve Kali müritlerini, mülhit Müslüman mistikleri, anarşistleri ve aşırı solcuları bir arada bünyesinde barındıran Bengal Terörist Partisi’nin eski bir üyesi olan Sri Kamanaransan Biswas’la Tantra öğretisi çalışır. Kanunsuz dervişlerin piri Lal Şahbaz Kalender de dahil olmak üzere söz konusu coğrafyadaki pek çok sufi türbesini ziyaret eder.

Java’da bulunduğu yıllarda henüz Vahabilerin katı sünnetçi geleneği İslam coğrafyasını büsbütün ele geçirmemiştir. Hakim Bey, Muhammedî Pasifik adalarının balta girmemiş ormanlarında davullarla yapılan namaz çağrısı da dahil olmak üzere – çünkü çıplak insan sesi çöl içindir, ormanda tam-tamlar daha makbul sayılır – İslam uygulamasının çok sesliliğine pek çok farklı örnekle şahit olur. Bugünse maalesef tüm dünyada minareler teknolojinin çirkin hoparlörleriyle süslenmiştir ve eski bir dostun bir mantar sabahında şaşkın bakışlarla ne diyeceğini bilemeyen bir ihvana söylediği gibi “o cızırtılı teçhizatın içerisinde hoca efendi değil, şeytan konuşuyor” ihtimali de hiç yabana atılır gibi değildir.

1974’ten Ayetullah Devrimi’ne dek İran’da bulunan Hakim Bey, Seyyid Hüseyin Nasr’ın kurucusu olduğu İran Kraliyet Felsefe Akademisi’nde dilbilim çalışmaları yürütür. Akademi’nin İngilizce yayın yönetmeni ve Sophia Perennis’in editörüdür. Seyyid Hüseyin Nasr, Toshiko Izutsu, Henri Corbin ve daha pek çok başka isimle beraber çalışır. 1980’de Şah devrilip de mollalar devrimin diğer güçlerini, sufileri, sosyalistleri, mücahidanı, Ali Şeriati yandaşlarını tasfiye etmeye başladığında o da İran’dan ayrılarak Amerika’ya döner.

1980’lerde Guenoncu neo-tradisyonalizmden uzaklaşarak anarşist ve sitüasyonist düşüncenin heterodoks İslam ve neo-paganizmle harmanlanmasından müteşekkil bir düşünce sistemine ulaşır: Ontolojik Anarşizm.

“Bir bakış açısına göre ontolojik anarşizm alabildiğine yalındır, tüm niteliklerden ve iyeliklerden arınmış, KAOS’un kendisi kadar fakir – ama başka bir açıdan bakacak olursak Katmandu’nun Sikiş- Mabetleri ya da bir simya alametler kitabı gibi şatafatlı bir biçimde filiz vermektedir.”

Ontolojik Anarşizm, anarşizmi bir ideoloji ya da ulaşılacak bir ideal olarak değil bir mevcudiyet olarak ele alma çabasıdır. Burası değilse neresi, şimdi değilse ne zamandır? Büyük iktidar yapıları ve söylemleri içinde boğulan gündelik hayatta, öz-iktidar yahut “muktedir nefs” yahut “hür kral” olarak anarşistin varlığına işaret eder: çocuk oyunlarında, bir ayaklanmada, bir partide, bir işgal evinde, bir yemek kolektifinde, şehrin sokaklarını avare dolaşırken ve neogöçebe cemaatlerin özgün buluşmalarında. Anarşi, doğrudan ve dolaysız bir hayatın tecellisidir; yol olmayan bir yol, geçitsiz bir geçit. Ve kimilerinin yaşam tarzı anarşizmi ithamlarına rağmen Bey’in çağrısı gayet açıktır: “Bir yaşam edinin, yaşam tarzı değil.”

80’lerin ortasında bir grup yazarçizer taifesiyle beraber Autonomedia yayın kolektifini kurarlar ve anarşizm, otonomcu Marksizm, siber-feminizm gibi konularda pek çok önemli kitap yayınlarlar. Bey, uzun bir süre New York’ta bir yandan yayın kolektifi faaliyetleriyle uğraşırken bir yandan da Central Park’ta Serbest Kürsü’de hafta sonları halka açık vaazlar vermeyi sürdürmüştür.

Nasır Hüsrev’den, Fahruddini Iraki’den, çeşitli Nimetullahi tarikatı ve Pers sufi şairlerinden yaptığı çevirilerin yanı sıra mülhit İslam geleneği, Kelt kültürü, korsan ütopyaları, sanrı uyandırıcı maddelerin kullanımı, gizemci kültler, Nietzsche ve Stirner, 19. yüzyıl anarşizmi, Fourier ve ütopyacı sosyalizm gibi çeşitli konularda kaleme aldığı makalelerinden oluşan yirmiyi aşkın kitap yazmış olmasına rağmen 90’lı yıllarda kaleme aldığı TAZ (Temporary Autonomus Zone – Geçici Otonom Bölge) Hakim Bey’in en çok bilinen ve en çok tartışılan çalışması olmuştur.

Hakim Bey, TAZ’da Ontolojik Anarşi kuramına dayanarak anarşinin çeşitli otonom bölgeler dahilinde hâlihazırda tezahür ettiğini öne sürer. Babil Kulesi çatlaklara doludur ve bu çatlakların, boşlukların içerisinde özgürlüğün ve anarşinin tecrübe edilebileceği sığınaklar yaratmak pekâlâ mümkündür ve hatta mümkün olmanın da ötesinde bunlar mevcuttur. Mesele bunların öz-farkındalık kazanarak kendi aralarında yeni bir ağ oluşturması ve yoğunlaşarak şiddetlenmesidir. Yeterli yoğunluğa ulaştığında taşın içerisine sıkışmış bir damla su koca bir kayayı boydan boya yarabilir. Bey, TAZ için model olarak Net (Şebeke) ve Web(Ağ)’i gösterir. 90’larda internet kültürü hayatımıza yeni yeni girerken Hakim Bey bunların özgürlükçü potansiyellerinin farkına varmış ve bunu sanal olmayan uzamda bir model olarak kullanmayı önerirken sanal uzamda da bu özgürlük adacıklarının ağ örüntüsünün nasıl oluşturulabileceği ve yoğunlaşma ve şiddetin nasıl tatbik edilebileceğini sorgulamıştır. Ancak, potansiyel risklerin de farkındadır ve TAZ bir yanıyla Şebeke’deki korsanlara düzülen bir methiyeyken bir yanıyla da onlara açık bir meydan okuma ve kışkırtmadır.

Mad Stencils ‘Collector’ 2021, İstanbul

ŞALGAMLARIM NERDE?

“Diyelim ki hem politik hem de kişisel gerekçelerle iyi yemek istiyorum, Kapitalizm’den alabileceğimden daha iyisini – halen daha güçlü ve doğal tatlarla kutsanmış temiz yemek. Oyunu biraz daha karmaşıklaştırmak için diyelim ki açlığını çektiğim yemek yasadışı olsun – belki çiğ süt ya da Küba’nın enfes meyvesi mamey, ki tohumları halisünojen olduğu için taze olarak A.B.D.’ye ithal edilemiyor (ya da ben öyle duydum). Bir çiftçi değilim. Diyelim ki ben nadir parfümler ve afrodizyaklar ithalatçısıyım ve stokumun çoğunu yasadışı malların oluşturduğunu varsayarak oyunu biraz daha zorlaştıralım. Ya da belki de sadece organik şalgam karşılığında kelime işlem hizmeti takas etmek istiyorum ama bu işlemi Ulusal Vergi Servisi’ne rapor etmeyi (ister inanın ister inanmayın yasada böyle yazıyor) reddediyorum. Ya da belki de başka insanlarla müşterek ama yasadışı karşılıklı haz için buluşmak istiyorum (bu aslında denendi ama tüm sert cinsellik BBSleri tevkif edildi – peki alçak güvenlikli bir yer altı neye yarar ki?). Kısacası, diyelim ki, sadece istihbarattan, makinenin içindeki hayaletten bıktım usandım. Dediklerinize bakacak olursak, bilgisayarlar zaten benim yemek, uyuşturucu, cinsellik, vergi kaçırma arzularıma da olanak sağlayacak yeterlilikte olmalı. Öyleyse sorun ne? Bu neden olmuyor?… Şimdi hackerların haklı olduğumu, sezgilerimin doğru olduğunu kanıtlamasını bekliyorum. Şalgamlarım nerde?”

TAZ’ın yayınlanmasından sonra Hakim Bey bir yandan gündelik hayatın içerisinde bu otonom bölgeleri yaratmaya çalışan pek çok grup tarafından (bilhassa Rave’ciler ve Reclaim The Streets oluşumları, Squatçılar ve Food Not Bombs gibi yemek kolektifleri) sahiplenilirken bir yandan da sanal uzamda karşı-Şebeke’nin, Ağ’ın yaratılması için mücadele eden internet kurtlarının Avrupa ve Amerika’da düzenlediği pek çok konferansa konuşmacı olarak davet edilmiştir. Tuhaftır ki bu toplantılardaki konuşmacılar arasında bir bilgisayar sahibi olmayan yegâne kişi belki de Bey’in kendisidir ve makalelerinin çoğuna internette ücretsiz ulaşmak mümkün olsa da Bey’e netten ulaşmayı umanlar bugün de hayal kırıklığına uğrayacaktır. Şalgamlarını asla alamamış olacak ki Hakim Bey, sanal uzam konusunda eleştirel yaklaşımını halen koruyor.

Zaten TAZ ve Ontolojik Anarşi kuramlarının en önemli ayaklarından birini de Immediatism (Dolaysızlık) yaklaşımı oluşturmakta ve Hakim Bey ikinci el, yabancılaşmış, soyutlanmış tüm ilişkilerin yerine doğrudan, dolaysız ilişkileri koymayı savunmaktadır.

“KAOS ASLA ÖLMEDİ!


Rash, Suadiye

– work in progress –

Don’t forget to check preview issues !!


Diego Lazzarin: Lethal Ride video game soon on Kickstarter!

Diego Lazzarin, ‘Lethal Ride’ video game

Hello dear friends and supporters, 

Diego Lazzarin here.
Hope you’re keeping well!

It’s been long since the last time I gave an update regarding my work…
hope you are happy to get some news!

I’m dropping a quick email just to let you know that next week, the 24th of January, I will be launching a Kickstarter Campaign to raise the funds for publishing Lethal Ride, my first videogame for PC and Mac.

I’ve been working on this game in my spare time for more than 3 years and it’s almost ready to be delivered… it just needs your final push!!

I’m going to send you another email with the link to the campaign next Tuesday as soon as it will start… I really hope you wish to support again my work and get yourself a copy of the game. 

It would be very helpful if you contribute to the campaign in its beginning… this would allow the project to get noticed by the algorithm of Kickstarter and by so increase our chances for a successful funding!

kickstarter.com/projects/lazzarin/lethalride

Diego Lazzarin and Amino Acid Boy

Diego Lazzarin


Matcho Girl Olivia Clavel & Les Aventures De Télé

Olivia Clavel, 1980

Faut-il l’ajouter : Olivia est la dessinatrice de BD la plus mo­derne, la plus en avance, celle dont la sensibilité est la plus ai­guë. Il serait temps que les femmes lectrices de BD com­mencent à s’en apercevoir. Ça vient.

EN 1973, à Actuel, on vit se pointer une jeune fille de dix-sept ans, timide et déjà un peu trop parano, qui amenait des dessins pas possi­bles, au trait proche de ceux des enfants, avec des scénarii bizarroïdes. Pour certains, dont je fus, il fallut plusieurs histoires pour être convaincus que c’était génial. On la publia. Elle était aux Beaux-Arts avec une bande de mecs qui vou­laient tout casser. Ils firent un fanzine dont le retentissement allait être retardé de quelques années, Bazooka. De son coté, la jeune fille créait Loukhoum Breton, qui n’eut qu’un nu­méro. Le groupe était né, dont elle resta la seule fille.

Olivia Clavel a vingt-cinq ans. Elle a vécu l’aventure bazookienne, ses hauts et ses bas, son délire et ses galères, sa gloire et ses coups durs jusgu’au bout, en 1979. Au­jourd’hui, elle travaille seule. On la voit régulièrement dans ce journal et son grand frère Hara-Kiri. De temps en temps, une illustration par-ci par-là. Question albums, il y a tou­jours l’admirable « Gloria Spontex » (avec Loulou et Kiki Picasso) chez Futuropolis (1977), et le Dernier Terrain Vague vient de publier son pre­mier recueil personnel, la grande saga des aventures de Télé, ce personnage à tête de télévision qui ressemble tant à l’auteur. Titre : Matcho Girl. Pourquoi ? Eh bien, l’ami Berroyer a expliqué qu Olivia était « pédé comme une otarie ».

Faut-il l’ajouter : Olivia est la dessinatrice de BD la plus mo­derne, la plus en avance, celle dont la sensibilité est la plus ai­guë. Il serait temps que les femmes lectrices de BD com­mencent à s’en apercevoir. Ça vient.


Negative: Olivia Clavel, Matcho Girl

Is it necessary to add it: Olivia is the most modern comic strip artist, the most advanced, the one whose sensitivity is the most acute. It’s time for female comic book readers to start realizing it. It’s coming.

IN 1973, at Actuel, we saw a young seventeen-year-old girl show up, shy and already a little too paranoid, who brought in impossible drawings, with a line similar to those of children, with bizarre scenarios. For some, including myself, it took several stories to be convinced it was great. We published it. She was at the Beaux-Arts with a bunch of guys who wanted to smash everything. They made a fanzine whose impact was going to be delayed for a few years, Bazooka. For her part, the young girl created Loukhoum Breton, which only had one number. The group was born, of which she remained the only daughter.

Olivia Clavel is twenty-five years old. She lived the Bazookian adventure, its ups and downs, its delirium and its galleys, its glory and its hard times until the end, in 1979. Today, she works alone. We see her regularly in this newspaper and her big brother Hara-Kiri. From time to time, an illustration here and there. Question albums, there is always the admirable “Gloria Spontex” (with Loulou and Kiki Picasso) in Futuropolis (1977), and the Last Terrain Vague has just published his first personal collection, the great saga of the adventures of TV, this character television head who looks so much like the author. Title: Matcho Girl. Why ? Well, friend Berroyer explained that Olivia was “fag like a sea lion”.

Is it necessary to add it: Olivia is the most modern comic strip artist, the most advanced, the one whose sensitivity is the most acute. It’s time for female comic book readers to start realizing it. It’s coming.


Olivia Clavel, Bande Dessinée

Explique toi please !

O.C. : Je vais faire un petit journal, c’est Loulou Picasso qui va s’occuper de toute la partie technique. Il y aura des crobards, des polaroids, des articles, des interviews, un peu comme un cahier de dessin. Tiré sur offset, ce sera distri­bué à très peu d’exemplaires. Ce sera pour les filles essentiellement. Je vais faire ça pour le pied ; faire un journal de BD pour gagner de l’argent, c’est dur. Ce qui me permet de gagner ma vie, ce sont mes BD dans Charlie, dans Métal, dans Sandwich. Pas avec ce petit journal. Un regard moderne ou Bulletin périodique, ça ne nous a pas fait vivre, mais en même temps c’était super de faire ça. Et ça a influencé plein de gens…


O.C : I’m going to write a little diary, it’s Loulou Picasso who will take care of all the technical part. There will be crobards, polaroids, articles, interviews, a bit like a sketchbook. Printed on offset, it will be distributed in very few copies. It will be for girls mainly. I’m going to do this for the foot; making a comic book to earn money is hard. What allows me to make a living are my comics in Charlie, in Metal, in Sandwich. Not with this little diary. A modern look or periodic bulletin, it didn’t make us live, but at the same time it was great to do that. And it influenced a lot of people…


Olivia Tele Clavel, Bande Dessinée

Et ça continue… En ce mo­ment, à part Charlie, on ne te voit plus beaucoup dans les Journaux. Tu en avais marre ?

O.C. : J’ai eu une période diffi­cile dans ma vie, Je n’avais pas d’appart’ fixe, j’etais malade. Je produisais peu. Bazooka s’est arrêté, on s’est séparés. On allait mal, on a erré à droite et à gauche. Bon, maintenant, j’ai un appart’, ça repart. J’ai fait une pochette de disque, an groupe de filles suédoises, des filles de dix-huit ans, punks mais sympathiques. Là, je n’ai pas honte ; Kiki Picasso, lui, il avait même fait la pochette de Nicoletta : un peu dur !

Tu ne fais jamais de pub ?

O.C. : Non, je ne peux pas en faire, ce n’est pas une question de morale, c’est pour la simple raison qu’on ne peut me faire de commande. Par exemple, si on me demande de dessiner un rasoir ou un pot de lait, je ne peux pas. Je ne peux faire que ce que j’ai envie. Donc pas de pub. Et en plus, mon dessin n’est pas très pub.


And it goes on… At the moment, apart from Charlie, we don’t see you much in the Newspapers anymore. Were you fed up?

O.C.: I had a difficult time in my life, I didn’t have a fixed apartment, I was sick. I produced little. Bazooka stopped, we separated. We were going badly, we wandered right and left. Well, now I have an apartment, it starts again. I did a record cover, a group of Swedish girls, eighteen year old girls, punks but friendly. There, I am not ashamed; Kiki Picasso, he had even made the cover of Nicoletta: a little hard!

Do you ever advertise?

O.C.: No, I can’t, it’s not a question of morality, it’s for the simple reason that I can’t be commissioned. For example, if someone asks me to draw a razor or a jug of milk, I can’t. I can only do what I want. So no ads. And in addition, my drawing is not very publicity.


Lulu Larsen et Olivia Clavel raccontent brievement Bazooka
Bazooka mag.

Est-ce que tu arrives quand même à t’en sortir financière­ment ?

O.C. : Assez mal en ce moment, mais je commence à y arriver. Du temps de Bazooka, on ga­gnait plus d’argent. Il y avait Libération tous les mois… Mais mon livre va se vendre (rires) ! Et il y a d’autres circuits que le monde de la BD, les filles vont l’acheter…

Tu as l’impression que les filles aiment lire la BD mo­derne ?

O.C. : La nouvelle génération, genre fille de dix-huit ans, oui.

Je suis pessimiste. J’avais l’impression qu’il y allait avoir une énorme révolution. Dans les débats, dédicaces, ou à An-goulême, quand une fille vient, c’est toùjours pour accompa­gner son Jules, comme au foot. Avec l’éclatement de la BD, le succès des dessinatrices, Je croyais que ça allait changer, mais non. Depuis dix ans, ça n’a pas bougé d’un poil. Pour la plupart des femmes, le tabou demeure : la BD, c’est pour les enfants et les débiles,. Tu crois qu’on en sortira un Jour ?

O.C. : Oui. Les copines de ma sœur, par exemple, qui ont dix-huit-vingt ans, lisent les BD. Donc, rien n’est perdu (rires).


Olivia Tele Clavel, Bande Dessinée

Do you still manage to get by financially?

O.C.: Pretty bad right now, but I’m starting to get there. In Bazooka’s time, we made more money. There was Liberation every month… But my book will sell (laughs)! And there are other circuits than the world of comics, the girls will buy it…

Do you think girls like to read modern comics?

O.C.: The new generation, like an eighteen-year-old girl, yes.

I am pessimist. I felt like there was going to be a huge revolution. In debates, dedications, or in An-gouleme, when a girl comes, it’s always to accompany her Jules, like in football. With the explosion of comics, the success of designers, I thought that was going to change, but no. For ten years, things haven’t changed a bit. For most women, the taboo remains: comics are for children and the weak. Do you think we’ll get out of it one day?

O.C.: Yes. My sister’s friends, for example, who are 18, read comics. So nothing is lost (laughs).


Olivia Clavel, bande dessinée

Il y a combien de temps que Bazooka s’est dissous ?

O.C. : Un an-deux ans. Les der­niers travaux communs, ça a été le générique de « Chorus » et un journal dans un disque qui s’appelait « la Perversita ». Loulou continue, il vient de faire une expo importante. Lulu Larsen, je ne sais pas bien… Kiki Picasso, ça va très bien pour lui, il est marié, père de famille, il fait de la pub et…


How long ago did Bazooka disband?

O.C.: One year-two years. The last joint works were the credits of “Chorus” and a diary in a record called “La Perversita”. Loulou continues, he has just done an important exhibition. Lulu Larsen, I’m not sure… Kiki Picasso, things are going very well for him, he’s married, a father, he advertises and…

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