Matcho Girl Olivia Clavel & Les Aventures De Télé

Olivia Clavel, 1980

Faut-il l’ajouter : Olivia est la dessinatrice de BD la plus mo­derne, la plus en avance, celle dont la sensibilité est la plus ai­guë. Il serait temps que les femmes lectrices de BD com­mencent à s’en apercevoir. Ça vient.

EN 1973, à Actuel, on vit se pointer une jeune fille de dix-sept ans, timide et déjà un peu trop parano, qui amenait des dessins pas possi­bles, au trait proche de ceux des enfants, avec des scénarii bizarroïdes. Pour certains, dont je fus, il fallut plusieurs histoires pour être convaincus que c’était génial. On la publia. Elle était aux Beaux-Arts avec une bande de mecs qui vou­laient tout casser. Ils firent un fanzine dont le retentissement allait être retardé de quelques années, Bazooka. De son coté, la jeune fille créait Loukhoum Breton, qui n’eut qu’un nu­méro. Le groupe était né, dont elle resta la seule fille.

Olivia Clavel a vingt-cinq ans. Elle a vécu l’aventure bazookienne, ses hauts et ses bas, son délire et ses galères, sa gloire et ses coups durs jusgu’au bout, en 1979. Au­jourd’hui, elle travaille seule. On la voit régulièrement dans ce journal et son grand frère Hara-Kiri. De temps en temps, une illustration par-ci par-là. Question albums, il y a tou­jours l’admirable « Gloria Spontex » (avec Loulou et Kiki Picasso) chez Futuropolis (1977), et le Dernier Terrain Vague vient de publier son pre­mier recueil personnel, la grande saga des aventures de Télé, ce personnage à tête de télévision qui ressemble tant à l’auteur. Titre : Matcho Girl. Pourquoi ? Eh bien, l’ami Berroyer a expliqué qu Olivia était « pédé comme une otarie ».

Faut-il l’ajouter : Olivia est la dessinatrice de BD la plus mo­derne, la plus en avance, celle dont la sensibilité est la plus ai­guë. Il serait temps que les femmes lectrices de BD com­mencent à s’en apercevoir. Ça vient.


Negative: Olivia Clavel, Matcho Girl

Is it necessary to add it: Olivia is the most modern comic strip artist, the most advanced, the one whose sensitivity is the most acute. It’s time for female comic book readers to start realizing it. It’s coming.

IN 1973, at Actuel, we saw a young seventeen-year-old girl show up, shy and already a little too paranoid, who brought in impossible drawings, with a line similar to those of children, with bizarre scenarios. For some, including myself, it took several stories to be convinced it was great. We published it. She was at the Beaux-Arts with a bunch of guys who wanted to smash everything. They made a fanzine whose impact was going to be delayed for a few years, Bazooka. For her part, the young girl created Loukhoum Breton, which only had one number. The group was born, of which she remained the only daughter.

Olivia Clavel is twenty-five years old. She lived the Bazookian adventure, its ups and downs, its delirium and its galleys, its glory and its hard times until the end, in 1979. Today, she works alone. We see her regularly in this newspaper and her big brother Hara-Kiri. From time to time, an illustration here and there. Question albums, there is always the admirable “Gloria Spontex” (with Loulou and Kiki Picasso) in Futuropolis (1977), and the Last Terrain Vague has just published his first personal collection, the great saga of the adventures of TV, this character television head who looks so much like the author. Title: Matcho Girl. Why ? Well, friend Berroyer explained that Olivia was “fag like a sea lion”.

Is it necessary to add it: Olivia is the most modern comic strip artist, the most advanced, the one whose sensitivity is the most acute. It’s time for female comic book readers to start realizing it. It’s coming.


Olivia Clavel, Bande Dessinée

Explique toi please !

O.C. : Je vais faire un petit journal, c’est Loulou Picasso qui va s’occuper de toute la partie technique. Il y aura des crobards, des polaroids, des articles, des interviews, un peu comme un cahier de dessin. Tiré sur offset, ce sera distri­bué à très peu d’exemplaires. Ce sera pour les filles essentiellement. Je vais faire ça pour le pied ; faire un journal de BD pour gagner de l’argent, c’est dur. Ce qui me permet de gagner ma vie, ce sont mes BD dans Charlie, dans Métal, dans Sandwich. Pas avec ce petit journal. Un regard moderne ou Bulletin périodique, ça ne nous a pas fait vivre, mais en même temps c’était super de faire ça. Et ça a influencé plein de gens…


O.C : I’m going to write a little diary, it’s Loulou Picasso who will take care of all the technical part. There will be crobards, polaroids, articles, interviews, a bit like a sketchbook. Printed on offset, it will be distributed in very few copies. It will be for girls mainly. I’m going to do this for the foot; making a comic book to earn money is hard. What allows me to make a living are my comics in Charlie, in Metal, in Sandwich. Not with this little diary. A modern look or periodic bulletin, it didn’t make us live, but at the same time it was great to do that. And it influenced a lot of people…


Olivia Tele Clavel, Bande Dessinée

Et ça continue… En ce mo­ment, à part Charlie, on ne te voit plus beaucoup dans les Journaux. Tu en avais marre ?

O.C. : J’ai eu une période diffi­cile dans ma vie, Je n’avais pas d’appart’ fixe, j’etais malade. Je produisais peu. Bazooka s’est arrêté, on s’est séparés. On allait mal, on a erré à droite et à gauche. Bon, maintenant, j’ai un appart’, ça repart. J’ai fait une pochette de disque, an groupe de filles suédoises, des filles de dix-huit ans, punks mais sympathiques. Là, je n’ai pas honte ; Kiki Picasso, lui, il avait même fait la pochette de Nicoletta : un peu dur !

Tu ne fais jamais de pub ?

O.C. : Non, je ne peux pas en faire, ce n’est pas une question de morale, c’est pour la simple raison qu’on ne peut me faire de commande. Par exemple, si on me demande de dessiner un rasoir ou un pot de lait, je ne peux pas. Je ne peux faire que ce que j’ai envie. Donc pas de pub. Et en plus, mon dessin n’est pas très pub.


And it goes on… At the moment, apart from Charlie, we don’t see you much in the Newspapers anymore. Were you fed up?

O.C.: I had a difficult time in my life, I didn’t have a fixed apartment, I was sick. I produced little. Bazooka stopped, we separated. We were going badly, we wandered right and left. Well, now I have an apartment, it starts again. I did a record cover, a group of Swedish girls, eighteen year old girls, punks but friendly. There, I am not ashamed; Kiki Picasso, he had even made the cover of Nicoletta: a little hard!

Do you ever advertise?

O.C.: No, I can’t, it’s not a question of morality, it’s for the simple reason that I can’t be commissioned. For example, if someone asks me to draw a razor or a jug of milk, I can’t. I can only do what I want. So no ads. And in addition, my drawing is not very publicity.


Lulu Larsen et Olivia Clavel raccontent brievement Bazooka
Bazooka mag.

Est-ce que tu arrives quand même à t’en sortir financière­ment ?

O.C. : Assez mal en ce moment, mais je commence à y arriver. Du temps de Bazooka, on ga­gnait plus d’argent. Il y avait Libération tous les mois… Mais mon livre va se vendre (rires) ! Et il y a d’autres circuits que le monde de la BD, les filles vont l’acheter…

Tu as l’impression que les filles aiment lire la BD mo­derne ?

O.C. : La nouvelle génération, genre fille de dix-huit ans, oui.

Je suis pessimiste. J’avais l’impression qu’il y allait avoir une énorme révolution. Dans les débats, dédicaces, ou à An-goulême, quand une fille vient, c’est toùjours pour accompa­gner son Jules, comme au foot. Avec l’éclatement de la BD, le succès des dessinatrices, Je croyais que ça allait changer, mais non. Depuis dix ans, ça n’a pas bougé d’un poil. Pour la plupart des femmes, le tabou demeure : la BD, c’est pour les enfants et les débiles,. Tu crois qu’on en sortira un Jour ?

O.C. : Oui. Les copines de ma sœur, par exemple, qui ont dix-huit-vingt ans, lisent les BD. Donc, rien n’est perdu (rires).


Olivia Tele Clavel, Bande Dessinée

Do you still manage to get by financially?

O.C.: Pretty bad right now, but I’m starting to get there. In Bazooka’s time, we made more money. There was Liberation every month… But my book will sell (laughs)! And there are other circuits than the world of comics, the girls will buy it…

Do you think girls like to read modern comics?

O.C.: The new generation, like an eighteen-year-old girl, yes.

I am pessimist. I felt like there was going to be a huge revolution. In debates, dedications, or in An-gouleme, when a girl comes, it’s always to accompany her Jules, like in football. With the explosion of comics, the success of designers, I thought that was going to change, but no. For ten years, things haven’t changed a bit. For most women, the taboo remains: comics are for children and the weak. Do you think we’ll get out of it one day?

O.C.: Yes. My sister’s friends, for example, who are 18, read comics. So nothing is lost (laughs).


Olivia Clavel, bande dessinée

Il y a combien de temps que Bazooka s’est dissous ?

O.C. : Un an-deux ans. Les der­niers travaux communs, ça a été le générique de « Chorus » et un journal dans un disque qui s’appelait « la Perversita ». Loulou continue, il vient de faire une expo importante. Lulu Larsen, je ne sais pas bien… Kiki Picasso, ça va très bien pour lui, il est marié, père de famille, il fait de la pub et…


How long ago did Bazooka disband?

O.C.: One year-two years. The last joint works were the credits of “Chorus” and a diary in a record called “La Perversita”. Loulou continues, he has just done an important exhibition. Lulu Larsen, I’m not sure… Kiki Picasso, things are going very well for him, he’s married, a father, he advertises and…

N’oubliez pas de visiter la fan-page de l’artiste pour plus d’oeuvres et de bandes dessinées:

oliviaclavel.art

The Olivia “Télé – No sport” Clavel Fanclub


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