Par Thomas Bernard : Dans Les Têtes de Blanquet

Blanquet ‘Prémices’ 2018

Toute l’oeuvre de Blanquet est une ode à la vie organique, dans ses délices comme dans ses supplices, pour l’amour à mort du corps et de la vie à perte de vulves ! Comme quoi, même la chair torturée reste à jamais savoureuse, surtout quand elle est rissolée au beurre de cavité.

Thomas BERNARD / Fluide Glacial 2020

L’art de Stéphane Blanquet agrippe les paupières et plonge les châsses trop chastes dans l’abîme gluante des désirs inavouables, ceux qui, refoulés tout au fond depuis l’enfance, dégénèrent en créatures perverses accros à une trop concupiscente cruauté. Moi même, j’ai bien galéré pour remonter à la surface et témoigner aux lecteurs de Fluide de cette odieuse odyssée du vice qui se déroule à la Halle Saint Pierre en toute impunité.

Depuis des lustres, les bas fond de notre cervelle servent de barbotière à Stéphane Blanquet. Faut dire qu’en bon céphalopode à roulettes, nul besoin pour lui de divan ou de scaphandre chimique pour patauger dans les limbes ; ses multiples tentacules lui suffisent amplement. Grâce à elles, il peut traquer l’inspiration au crépuscule, terré dans les trous et les anfractuosités de nos âmes.

Chacun de ces appendices est indépendant et lui permet de bâtir un univers aussi exubérant que glauque sans jamais s’engluer les ventouses dans le pathos. BD suintantes, photos et illustrations macabres, publications touffues, films d’animations en soins intensifs, tapisseries de baveux,, céramiques moites et peintures licencieuses à toucher du bout de la langue… Toute cette charpie fumante s’agglutine dans sa tanière en attendant une mauvaise occasion pour nous sauter au visage!

Le moindre centimètre carré de ses oeuvres grouille de détails crus. Les couleurs vibrent au rythme d’un débit de carnes et les noirs sont si profonds qu’ils vous aspirent l’oeil comme des boyaux sans fin. Les scènes représentées semblent tirées de comptines fredonnées par des enfants fous autour de charniers … Au premier coup de narine, ça schlingue le désespoir !

Blanquet (Détail de l’étude) Hologramme – Anaglyphe
« Dans les têtes de Blanquet », une exposition-choc à la Halle Saint Pierre
Blanquet (Détail de l’étude) Hologramme – Anaglyphe
‘Les leçons d’anatomies chimériques’ Une création de Stéphane Blanquet et de Angélique Friant sur une musique de Uriel Barthélémi. De la Marionnettes à Charleville Mézieres, 2023
Blanquet (Détail de l’étude)
Les cris sous la peau, dans Professeur Cyclope, 2014

 “Si ça ne coule pas, que ça ne dégouline pas, ça ne m’intéresse pas”

Pourtant sous ce magma de charogne libidineuse palpite bien plus que la verge des asticots. De ces paysages en viscères écarlates, suinte une cascade inépuisable dont le plus sec des gosiers sait qu’il ne touchera jamais le fond de la cyprine. Toute l’oeuvre de Blanquet est une ode à la vie organique, dans ses délices comme dans ses supplices, pour l’amour à mort du corps et de la vie à perte de vulves ! Comme quoi, même la chair torturée reste à jamais savoureuse, surtout quand elle est rissolée au beurre de cavité.


Resource: Fluide Glacial 2020

> Fluide Glacial

vidéo-interview : www.actuabd.com


Blanquet

Stéphane Blanquet’s art grips the eyelids and plunges the overly chaste into the slimy abyss of unavowable desires, those that, repressed deep down since childhood, degenerate into perverse creatures addicted to an overly concupiscent cruelty. I myself had a hard time coming to the surface to tell the readers of Fluide about this odious odyssey of vice that takes place at the Halle Saint Pierre with total impunity.

Thomas BERNARD / Fluide Glacial 2020

Stéphane Blanquet has been wading in the depths of our brains for ages. As a cephalopod on wheels, he doesn’t need a couch or a chemical suit to wade through limbo; his multiple tentacles are more than enough. Thanks to them, he can track down inspiration at dusk, burrowing into the holes and crevices of our souls.

Each of these appendages stands on its own, allowing him to build a universe that is as exuberant as it is creepy, without ever getting stuck in pathos. Oozing comics, macabre photos and illustrations, thick publications, animated films in intensive care, slobbery tapestries, sweaty ceramics and licentious paintings to touch with the tip of your tongue… All this steaming lint clumps together in his lair, waiting for the wrong opportunity to blow up in our faces!

Every square centimetre of his work is teeming with raw detail. The colours vibrate to the rhythm of a carne flow and the blacks are so deep that they suck your eye in like endless guts. The scenes depicted seem to be taken from nursery rhymes hummed by crazed children around mass graves… At the first nostril stroke, it stinks of despair!

Meeting: Gary Panter & Stéphane Blanquet / Directed by Ludovic Cantais, Galerie Martel, April 2011

“If it doesn’t drip, I’m not interested.” -Blanquet

Yet beneath this magma of libidinous carrion pulses much more than the maggots’ rod. From these landscapes of scarlet viscera oozes an inexhaustible waterfall that the driest of gullets knows will never touch the bottom of the cyprine. Blanquet’s entire oeuvre is an ode to organic life, in all its delights and torments, for the love of the body and life to the point of death! As if to prove that even tortured flesh remains forever tasty, especially when browned in cavity butter.


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