Guess Who’s Back! ADOLF HIBOU

Adolf Hibou: Gaël Magnieux, Nils Bertho & Bruno Ducret. Photo by Arbre Payday (2021)

Vous aussi, vous vous complaisez dans vos préjugés ? Vous fuyez comme le Covid les groupes fran­çais aux noms à coucher dehors, les pochettes de disques camar-guaises et l’humour franchouillard se propageant dangereusement dans des titres de chansons tels que « Passion Saucisse » ou encore « Indochine, j’ai demandé halal » ?

Ne prenez pas encore vos jambes à votre cou et laissez donc sa chance à ce trio d’hur­luberlus surexcités. Non, nous n’avons pas affaire ici à un groupe de rock alternatif. Le plus important, avec Adolf Hi­bou, c’est d’aller outre les blagues consternantes, d’ignorer les interludes débilisants et d’ouvrir les oreilles en grand. Une fois dépassé le triste constat semblant nous indiquer que « cette musique, c’est avant tout un gros délire entre potes, tu vois ?», force est de constater que non seulement ces mecs ont un sacré niveau technique – le guitariste, en particulier -mais qu’en plus de ça, lorsqu’il s’agit de lâcher la purée, ils ne se font pas prier. Quand le tempo s’élève, Adolf Hibou dé­clenche la foudre comme un Lighting Bolt partousant avec Boredoms. Ça explose dans tous les sens, ça s’égare pour mieux retomber sur ses pattes. Le groove concassé de « Ladyboys Don’t Cry » (sans surprise, ils brillent également en anglais dès qu’il s’agit de trouver un titre en tout point dé­solant) impressionne, et si ce long morceau avait été amputé de sa longue et si pénible intro, on l’aurait volontiers comparé à un autre groupe français farfelu et malheureusement quelque peu oublié (même si toujours en activité), j’ai nommé Double Nelson. Dommage, également, que l’on comprenne aussi bien les paroles du refrain de « Va chier dans ta mère », car là encore, la ligne de basse – ou de guitare baryton, plus vraisemblablement – tord le cou, alors que l’envolée free qui suit est digne des plus folles embardées des Molécules, la lourdeur et une louchée de sludge en plus. « Roum Roum Ah » se montre tout aussi euphorique, jovial comme savait l’être le Singe Blanc, un autre adepte de l’onomatopée échevelée. Quand le tempo tombe, Adolf Hibou se montre également ca­pable du meilleur, se vautrant dans un doom dissonant mais tout aussi hypnotique. Le chant, quant à lui, navigue entre le dégueulis le plus total et des vocalises se rapprochant parfois du bramement du grand cerf de Kourgane, comme sur ce « Clodo de Boston » répétitif et prenant. Une reprise finalement pas si inattendue de Sun City Girls, « Dreamland », permet de confirmer que ces types ont baigné dans l’expérimental, la no wave et la freeture des groupes de John Zorn, Marc Ribot et Fred Frith. Et puisqu’on parle de rêve, autant signaler que la fin de cet album volontairement bordélique se montre on ne peut plus cauchemardesque, la mélopée de « dream my dream, my dreamy dream, dream my love, rêve ton rêve, rêve mon amour » pouvant légitimement donner des envies de meurtre. Après un tri sélectif nécessaire, Princess Barely Légal se révèle donc un plutôt bon album pour fouetter le sang et vriller le ciboulot.

Ressource: New Noise Magazine, 2022


Official animated short film directed by Hector Oriol & Thomas Romarin. Drawn collectively by 28 artists at the studio “En Traits Libres” at Montpellier, France, for the band Adolf Hibou. 2024.

Princess Barely Legal by Adolf Hibou

head-records.bandcamp.com


ADOLF HIBOU – “Roum Roum Ah” from the album “Princess Barely Legal” – 2021

FREE-DOOM-NOISE

ADOLF HIBOU

‘Princess Barely Legal’

Do you too wallow in your prejudices? Do you shun, like the Covid, French bands with outrageous names, comradely record sleeves and franchouillard humor spreading dangerously through song titles such as “Passion Saucisse” or “Indochine, j’ai demandé halal”?

So don’t get your hopes up just yet, and give this trio of over-excited weirdos a chance. No, this isn’t an alternative rock band. The most important thing with Adolf Hibou is to get past the appalling jokes, ignore the debilitating interludes and open your ears wide. Once you get past the sad fact that “this music is all about friends having a good time together”, you have to admit that not only do these guys have a hell of a technical level – the guitarist, in particular – but when it comes to unleashing the mashed potato, they don’t hold back. When the tempo rises, Adolf Hibou unleashes lightning like a Lighting Bolt mating with Boredoms. It explodes in all directions, goes astray only to land back on its feet. The crushed groove of “Ladyboys Don’t Cry” (unsurprisingly, they also shine in English when it comes to coming up with a title that’s in every way desolate) impresses, and if this long track had been stripped of its long, tiresome intro, we’d have gladly compared it to another wacky and unfortunately somewhat forgotten (though still active) French band, namely Double Nelson. It’s a pity, too, that the lyrics to the chorus of “Va chier dans ta mère” (Shit in your mother) are so well understood, because here again, the bass line – or baritone guitar, more likely – twists the neck, while the free flight that follows is worthy of the wildest flights of Molécules, with the added heaviness and a ladleful of sludge. “Roum Roum Ah” is just as euphoric, as jovial as White Monkey, another adept of disheveled onomatopoeia. When the tempo drops, Adolf Hibou also proves capable of the best, wallowing in dissonant but equally hypnotic doom. As for the vocals, they veer between the most utterly disgusting and vocalizations that sometimes come close to the bellowing of Kurgane’s great stag, as on the repetitive yet captivating “Clodo de Boston”. A not-so-unexpected Sun City Girls cover, “Dreamland”, confirms these guys’ roots in the experimental, no-wave and free-form bands of John Zorn, Marc Ribot and Fred Frith. And while we’re on the subject of dreams, we might as well point out that the end of this deliberately messy album could not be more nightmarish, with the melody of “dream my dream, my dreamy dream, dream my love, rêve ton rêve, rêve mon amour” legitimately giving rise to murderous desires. After a necessary selection process, Princess Barely Légal turns out to be a pretty good album for whipping up the blood and twisting the brain. (Resource: New Noise Magazine, 2022)


SUB LEVELS:


adolfhibou.bandcamp.com

Adolf Hibou


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